Bayan Ko
7.4
Bayan Ko

Film de Lino Brocka (1984)

Je ne connais vraiment pas grand-chose au cinéma philippin à côté de Brillante Mendoza et Lino Brocka dont c'est le troisième film que je vois après "Insiang" et "Manille : Dans les Griffes des Ténèbres" — que je confondais avec "Kinatay", bizarrement. Un dénominateur commun se dégage de ces trois fictions qui flirtent parfois avec une approche quasi documentaire : la volonté de décrire les conditions d'existence d'une classe populaire soumise à de fortes pressions sociétales.


Le piège se referme sur le protagoniste Turing peu à peu : il est ouvrier dans une imprimerie et sa femme enceinte doit se reposer pour éviter une fausse couche, le contraignant à trouver des solutions. Trouver de l'argent pour compenser la perte, acheter des médicaments, en plus de sa position délicate entre le patron (qui l'a un peu aidé) et ses collègues (qui montent un syndicat). L'endettement est le moteur du désespoir dans "Bayan ko", très clairement — expression qui signifie en tagalog "mon pays", et le sous-titre du titre original peut se traduire par "accroche-toi au couteau".


Turing enchaîne les humiliations, au bureau où il ne peut ni participer au syndicat comme il le souhaiterait ni se placer du côté de ses amis, à l'hôpital où sa femme accouche et où il ne peut s'acquitter du montant dû, tandis que les frais d'hospitalisation grimpent de jour en jour. De ces conditions exécrables découlera une situation de prise d'otage, majoritairement malgré lui, très symbolique dans la démonstration de force de la police et de sensationnalisme de la part des journalistes. L'outrance est totale dans cette dernière scène jusqu'à la fusillade finale.


Quelques singularités aussi du côté de la boîte où des femmes dansent dans des néons rouges au son de "Jeux interdits", de manière très surprenante, et aussi du côté de la langue, ou plutôt des langues tant on a l'impression qu'il s'agit d'un mélange très hétérogène.

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le 5 déc. 2021

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Morrinson

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