Le hip-hop n’a pas eu beaucoup de documentaires reconnus consacrés, mais on peut tout de même y trouver quelques perles si on fouille bien. Beats, Rhymes & Life : The Travels of A Tribe Called Quest sonnait bien.
Néanmoins, étant réalisé par Michael Rapaport, un fan inconsidéré de tout ce qui est New Yorkais, on pouvait s’attendre à une hagiographie entre potes d’un des plus grands groupes de rap de l’Histoire de cet art. Et pourtant, Beats, Rhymes & Life (nom du quatrième album d’A Tribe Called Quest) est beaucoup plus profond qu’on ne pourrait s’y attendre. En effet, après deux premières parties plus intéressantes mais jamais transcendantes sur le son d’A Tribe Called Quest et sur leurs influences, leurs rencontres et les témoignages énamourés de quelques légendes du rap, l’intérêt du film réside sur les raisons de la séparation du groupe et leur incapacité à revenir ensemble pour ne serait-ce qu’un petit concert sans s’engueuler comme du poisson pourri.
A ce moment-là, le film prend un tournant extrêmement dramatique : nous ne sommes pas devant un beef tout pourri comme on peut en avoir entre 50 Cent et Fat Joe, par exemple, où on s’explique par morceaux interposés aussi pathétique et puérils les uns que les autres et où le seul but est de vendre des disques. On est dans une situation où deux adultes respectables refusent de travailler ensemble parce qu’ils ne peuvent juste pas se supporter et qui s’ignorent alors qu’ils ont vécu de très belles histoires ensemble. Ali Shaheed Muhammed et Jarobi White paient donc les pots cassés sans pour autant s’apitoyer sur leur sort. C’est ici la grande force de Beats, Rhymes & Life, cette dignité adulte dans un genre qui en manque cruellement.
Beats, Rhymes & Life est un film remarquable, un documentaire poignant et une plongée dans l’univers du rap new-yorkais des 80’s, là où on ne se plaignait pas du gouvernement parce que Public Enemy suffisait amplement.