Cela faisait quatre ans que les amateurs d'horreur attendaient le retour d'un des réalisateurs les plus prometteurs de sa génération, aux côtés de David Robert Mitchell, Robert Eggers ou Jordan Peele : Ari Aster. Mais si son cinéma avait été jusque là essentiellement horrifique, son nouveau projet, Beau Is Afraid, est une pure comédie absurde, qui souffre cependant de son rythme en dents de scie.
Avec pour tête d'affiche Joaquim Phénix, le film se vit comme une épopée nous mettant dans la peau d'un personnage névrosé, avec pour intention première du réalisateur de nous faire ressentir tout ce qu'il ressentira. Et la quête de Beau pour retrouver sa mère ne sera pas exempt d'émotions diverses et variées, croyez nous. Ce quarantenaire apathique ressent les choses avec une telle amplification que le moindre échange donnera lieu à un chaos ambiant permanent et à son lot de scènes où le malaise n'est jamais abonné absent.
Toute la structure du métrage reposant sur cette quête de retrouvailles entre mère et fils, Ari Aster a conscience qu'il lui faudra trouver des ficelles afin de tenir en haleine le spectateur durant 3h. Et s'il y arrive sans problème dans certains segments, force est de reconnaître une certaine faiblesse sur d'autres, comme si un étirement forcé était en œuvre afin d'être sûr de ne pas louper une miette de la bouille geignarde de Joaquim Phénix.
Cette structure, segmentée en quatre actes, donne lieu à une réflexion sur la notion de deuil, de relation parental ainsi que sur l'anxiété sociale. Il se révèle être cependant un personnage soumis, incapable de prendre des décisions, et dont l'attitude impassible et geignarde pourra donner envie au spectateur impatient de le remuer un bon coup.
Mais se focaliser seulement sur Beau serait omettre la maestria technique que Aster propose durant tout le film, se permettant une créativité folle dont les limites défient l'imagination. Avec un amusement enfantin, le réalisateur sème son lot d'éléments cryptiques afin de perdre le spectateur dans une parade délirante, où violence et malaise sont le mot d'ordre.
Beau Is Afraid sera sûrement un échec retentissant au box office, tant sa structure narrative éclatée et son rythme en dent de scie effrayeront les néophytes, mais il saura fédérer un noyau dur d'amateurs qui y verront, comme moi, une déclaration d'amour au cinéma comme seul Ari Aster en a le secret.