Bon, pour commencer, je ne le dirai jamais assez, mais faites-vous votre propre opinion. D'autant plus que pour Beau is Afraid, c'est le genre de film qui m'apparaît comme soit on le kiffe complètement, soit c'est la pire descente aux enfers... pour le spectateur.
Je ne peux pas contester que sur le plan de la mise en scène pure, Ari Aster soit loin d'être un manche. Il maîtrise à la perfection la technique. Il peut avoir dix idées visuelles originales à la seconde (je pense en particulier à la partie autour de la représentation théâtrale, y compris le passage animé !). Le premier quart d'heure est intrigant pour son côté apocalypse, exposant ce qui pourrait nous arriver de plus cauchemardesque dans un cadre urbain. La séquence de sexe est des plus troublante parce que l'actrice Parker Posey parvient à imposer une interprétation entre humour, domination et sensualité. Voilà, j'ai énuméré les quelques qualités de la chose.
Alors, déjà, il faut se taper tout du long le protagoniste, névrosé de son état, n'ayant que pour fonction du début à la fin que de geindre, sans la plus petite nuance de variation un tant soit peu discrète, subtile, effleurée. Cela reste unidimensionnel. D'accord, un geignard passe la très grande majorité de son temps à geindre. D'accord, cela a pour volonté de montrer quelqu'un incapable d'évoluer. Mais sur trois heures, putain trois heures... Joaquin Phoenix est un immense acteur, donc si on lui demande de geindre pendant les interminables putains de trois heures que dure le truc, il le fait à merveille, mais son personnage ne va pas au-delà d'un simple geignard. Il a joué plus intéressant comme rôle.
Sur le thème d'une relation mère-fils toxique, étouffante, avec en toile de fond une société dans laquelle tout n'est, pour ainsi dire, que chaos et déception, avec, en conséquence, une forte pincée d'enfer, c'est les autres, l'enfer, c'est soi-même, à travers l'esprit détraqué du geignard, le réalisateur accumule les délires psychanalytiques durant trente heures... pardon, durant trois heures... avec des scènes qui se veulent choquantes, s'arrangeant bien pour que la suivante aille encore plus loin dans le grotesque, le délire et la destruction que la précédente. Ce qui souligne une ostensible, simple et plate volonté du cinéaste de vouloir heurter à tout prix, gratuitement, en étirant au maximum son film, jusqu'à l'overdose, dans cette optique, sur un portrait dont il n'est pas difficile de deviner toute la teneur dès le début.
Ouais, le même truc rabâché sur trois heures n'est pas la matière scénaristique la plus passionnante au monde (traduction : qu'est-ce que je me suis fait chier comme un rat crevé !). Euh, j'espère que je n'ai pas oublié de mentionner que Beau is Afraid s'étend sur trois heures ?