Beau, un homme apeuré et perturbé, va tout faire pour rejoindre sa mère. Un véritable périple fait d'obstacles et de rencontres, qui vont en révéler un peu plus sur lui-même et la raison pour laquelle il est comme il est.
Après l'horreur pure avec «Hérédité» et «Midsommar», Ari Aster nous revient avec cette œuvre absurde et déroutante à l'excès, qui sera loin de plaire à tout le monde.
Personnellement, j'ai été plutôt agréablement embarqué durant les premières 75 minutes.
Le souci, c'est que le film dure 3h. Et 3h pour ce genre de film et avec cette histoire-là, ça finit par se ressentir vraiment.
Sorte d’œuvre thérapeutique centrée sur les notions d'emprise et de culpabilité constantes, ce «Beau is afraid» est à rapprocher de ce que j'ai pu ressentir face à une autre œuvre qui divisa lors de sa sortie, «Mother!» de Darren Aronofsky : un film qui finit par être plombé par l'ultra-présence d'un symbolisme trop lourdaud, aussi bien dans son propos que dans sa mise en scène.
Et voilà ce que je reproche surtout à ce 3e long-métrage d'Aster : que celui-ci ne se résume principalement qu'à une succession de métaphores qui ne font pas vraiment dans la subtilité (celles et ceux qui ont vu le film se souviendront à coup sûr de la scène dans le grenier...voilà voilà), tout cela pour couvrir une histoire assez simpliste en soit, qui est celle d'un fils qui n'arrivera jamais à se défaire de l'emprise qu'exerce sur lui sa propre mère.
Un film perché et abstrait, trop abstrait pour m'embarquer, malgré une première heure des plus intrigantes, se déroulant d'abord dans le quartier peu accueillant où habite Beau, puis dans la maison d'un couple pour le moins étrange, ayant renversé Beau par accident et décidant de le garder à tout prix chez eux. Une première partie qui arrivait plutôt bien à gérer cet équilibre entre cauchemar éveillé et décalage grotesque, et ce malgré un rythme un peu artificiellement étiré.
C'est à partir du chapitre suivant et de cette plongée dans une forêt animée que les choses se gâtent et deviennent de plus en plus compliquées au fil du film.
Là où la simplicité d'un échange pourrait suffire à en dire bien plus, Aster se sent obligé d'enrober tout cela par d'innombrables métaphores visuelles (se libérer de ses chaînes, devenir enfin un homme,...), si bien qu'on se retrouve plus devant une œuvre qui veut se la jouer arty, mais reste presque toujours en surface de son sujet, de sa problématique, sans jamais l'affronter véritablement de front (comme ce conte animé en mode voix-off et «2001» qui n'a aucune conséquence sur la suite de l'histoire).
Rajoutez à cela un Joaquin Phoenix qui subit continuellement son environnement, reste toujours passif et ne prend jamais de réelle initiative, parce que figé par la peur (Beau is afraid → Beau a peur), ainsi qu'un final "tout ça pour ça" où l'on réalise qu'on en est toujours au même stade et que l'histoire n'a en réalité pas avancé pour notre protagoniste (et par extension pour le spectateur), et vous vous retrouvez face à un mindfuck trop éparpillé, trop chargé et trop long pour pas grand-chose.
Labyrinthe mental d'un œdipe moderne où se croisent les notions de souvenirs et de sacrifices, ce «Beau is afraid» me laisse, malgré certaines idées très chouettes de mise en scène (en particulier dans sa 1ère heure) un sentiment plus que mitigé, sorte de fourre-tout qui ne sait pas trop quoi nous raconter durant ses 3h, et qui étouffe son semblant de message sous un trop-plein de métaphores.
Au lieu de se concentrer uniquement sur la mise en scène, il aurait également été judicieux de se pencher un peu plus sur le scénario.