Après la mort accidentelle de sa mère, une ado préfère vivre avec le beau-père tendre et attentionné qu’elle a toujours aimé, et même désiré, plutôt que chez son père. Leur amour authentique, l’égarement soudain de leurs vies et l’adaptation affective les conduit très vite à un jeu amoureux que la raison et la morale interdisent à l’homme, évidemment responsable de la jeune fille. Dialogues exemplaires d’intelligence, de sensibilité et d’évolution, séductions, jalousies, stratégies frôlant la perversion sans jamais l’atteindre, nous embarque dans une exceptionnelle histoire d‘amour aux apparences de pédophilie, et de thérapie de sentiments en détresse à la fois dérangeante et réjouissante.
Sujet révoltant m’ayant toujours faite reporter la vision du film, je viens de découvrir 37 ans après sa sortie en 81 une brillante et surprenante comédie romantique et philosophique dont le tournage ne pourrait certainement plus être possible aujourd’hui, tant l’hystérie – justifiée – de la pédophilie ou de l’inceste par exemple est devenue radicale. Dans une approche étonnante de délicatesse, de sentiments, de raison et de pudeur, Bertrand Blier, amateur manifeste des quiproquos pervers, séduit par la poésie, l’émotion, l’originalité, l’intimisme domestique, paradoxalement habillé de surréalisme par ses dialogues traduisant les états et les vérités de chacun plutôt que les maladresses hypocrites de discussions réelles. Les excellents Maurice Ronet, Ariel Besse, et l’ô combien regretté Patrick Dewaere nous servent une romance sensible déguisée en glauque, qui interpelle le coeur, justement par son absence de perversion.