3 ans après un Préparez vos mouchoirs oscarisé dans lequel le thème d'un amour charnel entre un·e adolescent·e et un·e adulte était amorcé, Bertrand Blier remet le couvert avec l'adaptation de son roman Beau-Père, où il décrit l'amour naissant entre Rémi et Marion, un amour à la fois passionné et interdit.
Il est difficile de traiter d'un tel sujet : pour éviter que ce soit malsain dans Préparez vos mouchoirs, Blier traite cette attirance comme un désir maternel. Dans Beau-Père, c'est la détresse du personnage principal qui est mise en avant.
Patrick Dewaere, alors sur le point de se donner la mort, nous offre une interprétation des plus émouvantes et authentiques. Il joue le rôle d'un artiste raté, qui a conscience de faire des erreurs même si elles le poursuivent toujours. Le personnage et l'acteur se confondent, et on se retrouve comme dans Série Noire, avec un personnage naïf, fragile, touchant.
Le personnage de Dewaere s'adresse régulièrement au spectateur, mais également à sa femme décédée, afin de s'excuser, assumant ses faiblesses, et donnant lieu à un des monologues les plus percutants. Sa musique lui sert d'exutoire (il s'en va par exemple jouer après le départ de Marion). C'est un homme qui n'est pas accompli, il dit d'ailleurs plusieurs fois ne pas être un héros, mais cette histoire va lui permettre de se sentir vivant, d'au moins faire quelque chose de sa vie.
Malgré des dialogues crus et bliesques ainsi que des passages véritablement gênants étant donné qu'on brave les interdits sociaux, l'acteur parvient à faire preuve d'une délicatesse qui sort de l'ordinaire.
C'était un film infaisable si on n'était pas dans une délicatesse absolue, étant donné l'âge de la jeune fille.
Il s'agit vraiment d'une prouesse. Si j'ai pu lire parfois que certains trouvent le jeu à la fois assuré et juvénile d'Ariel Besse sonnait faux, je trouve personnellement qu'elle créée une parfaite osmose avec l'acteur ; Leur duo oppose une jeune fille franche et aguicheuse à un anti-héros impuissant.
Saupoudré des doux airs du piano de Philippe Sarde et de dialogues d'une vérité déconcertante, Blier relève le défi de réaliser avec honnêteté et précaution un film complexe, tant dans son fond que dans sa forme.