Fausse comédie qui permet de montrer l'immense étendue du talent d'Ugo Tognazzi. Cet acteur excelle dans les rôles ambigus et souvent antipathiques. Ici, il est adorable, et je crois que c'est la première fois que je le vois dans un rôle de ce genre.
Le titre italien a une ironie savoureuse (que n'a pas le titre français très premier degré), puisque ce père de familleS semble à première vue complètement immoral, mais ne le paraîtra plus du tout une fois que l'on apprendra à le connaître. En effet, il est à rebours de tous ces mâles italiens que l'on voit dans beaucoup de comédies italiennes qui papillonnent et se soucient comme d'une guigne des progénitures qu'ils essaiment sur leur passage. Sergio Masini est un mari/amant doublé d'un papa-poule tendre et attentionné.
Fausse comédie, parce que la vie frénétique de ce père débordant d'amour pour sa femme, ses deux maîtresses ET ses 6 enfants est plutôt comique dans un premier temps, avec les gaffes, les erreur et les petits mensonges que l'on attend dans ce type de situation proche du théâtre de boulevard. Mais peu à peu, on se rend compte que c'est aussi une souffrance et un stress permanent (il souffre d'ulcères) pour cet homme tendre qui ne rêve que de gâter éternellement ses 3 familles. Et c'est là que le visage grave de Tognazzi fait merveille, rendant ce père de plus en plus touchant.
Après avoir rêvé de réunir tous les êtres qu'il aime, ne lui reste qu'une seule solution proposée par le prêtre à qui il raconte sa vie : ne garder que la famille d'origine et abandonner les deux autres. Mais c'est trop demander à Sergio, dont le coeur s'épuise.
"D'avoir donné trop d'amour, son coeur s'est arrêté."
Voilà qui ferait une jolie épitaphe pour cet homme pas si immoral que ça.
Les trois actrices sont magnifiques. Tout comme le regard perdu de Tognazzi, je n'oublierai pas la douceur compréhensive de Renée Longarini et la beauté incendiaire de Stefania Sandrelli.