Si vous n'avez pas vu le "film", cette critique de type inside joke n'aura aucun intérêt pour vous. Fuyez !
Le premier plan du film attire le regard du spectateur sur la splendide raie du cul du personnage. C'est osé. « Béb » se lève donc, et avance. Magnifique entrée en jeu, qui pose les bases de tout action : Un homme se lève et marche. Et tout ça en seulement 10 secondes.
Benoît Trescazes réinvente la mode. La tenue décontractée du personnage, tout en noir, short avec chaussettes longues, exprime une nonchalance assumée. L'image d' Homer Simpson sur le t-shirt est un véritable clin d’œil a cette série animée méconnue. Choix d'image d'autant plus pertinent que Béb ressemble à Homer.
La fainéantise de Béb est démontrée : Il raye une à une les taches de son agenda en faisant des commentaires avec l'accent du sud (excellente performance d'acteur). Cette scène dénonce le laisser-aller en France, où l'on compte sur les autres pour faire le travail. Le zoom sur la main intensifie la scène déjà lourde de sens.
Mais malgré la gravité de ses propos, l’œuvre est teintée d'humour : Béb stocke sa cocaïne dans la BD coke en stock. En plus, comme avec les Simpson, ça rend hommage à une série méconnue. L'immense succès de ce film incitera donc les jeunes à se pencher sur ces références.
En voiture pour aller à l'université, Béb commente les actions du véhicule qui le précède, exprimant d'un air dubitatif : « Qu'est-ce qu'y fait, lui ? » Le drame de notre société : Que faisons-nous ? Où allons nous ? Pourquoi tout ça ?
Arrivé à l'université, il va aux toilettes (chose peu souvent montrées dans des films aussi sérieux, autre preuve que Benoît Trescazes est un visionnaire). Il choisit les toilettes pour femme (doute sur la sexualité ? Choix de propreté ? Perversité ? Qu' essaye-t-on de nous dire?) Voulant se laver les mains, il réalise exaspéré que -je cite- « Y'a jamais d'eau ici... C'est comme en Somalie! »
Incroyable moment d'émotion. L'occidental rattrapé par le tiers-monde. Il se sent soudain instable, remettant en doute son petit confort. Extraordinaire. Le fait qu'il l'exprime en rimant casse le ton, donnant un aspect humoristique mais gênant. « En plus ça pue » Ajoute-t-il pour nous achever. Si vous n'avez pas tiré une larme, vous n'avez pas de cœur.
D'ailleurs rien ne marche dans la vie de cet homme : la machine à distribuer lui mange sa pièce, l’ascenseur ne vient pas... Et on lui vole sa voiture alors qu'il avait soigneusement posé un antivol ! C'est d'ailleurs le climax. On enchaîne sur le générique, époustouflés par tant d'audace.
Ce qui m'a touché reste la vacuité de l'université, reflet du vide de Béb, personnage superficiel et volontairement pas attachant.
Performance d'acteur solo exceptionnelle, réalisateur visionnaire, multiples messages subversifs... Et tout ça en 7 minutes ! Vous l'aurez compris, « Béb's day » est un pur chef d’œuvre.
MAIS BORDEL QUE C'ÉTAIT NUL !