Le docu de Bernard Macmahon, psychédélique, enivre d’énergie et de plaisir. Un documentaire généreux : bien davantage qu’un film de long-métrage projeté sur un écran géant, c’est un concert auquel on assiste, avec des rappels toujours plus extatiques et en guest inattendue, Shirley Bassey et sa voix d'or, qui interprète Goldfinger. Un concert électrique et fougueux, on s’en met plein les tympans pendant deux heures. En fait… ça semble ne jamais s’arrêter, ça continue longtemps après.
Ce qui touche, c’est de découvrir ces quatre personnalités si différentes et singulières qui forment un groupe si homogène et soudé. Ce qui touche, c’est leur émerveillement presque enfantin, le même à leur début en 1968 qu'interviewés à l’occasion de ce film. Un bonus: une des rares prises de parole de John Bonham. Ce qui touche, ce sont les yeux de Robert Plant humides de naïveté, comme s'il n'y croyait toujours pas, la positivité de John Paul Jones, la détermination de Jimmy Page et l’inventivité de John Bonham. Ce qui touche, c’est leur engagement vers la réussite, leur manière de se réinventer à chaque disque, de surprendre à chaque concert, de ne jamais rien considérer pour acquis. Ce qui touche c’est leur capacité de travail et de tout donner, chez eux comme aux États-Unis, sur la scène du Royal Albert Hall et en studio d’enregistrement. Ils improvisent, osent, bousculent, ils se complètent, ils s'imposent. Un single ne suffira jamais. Page producteur impose Led Zep' : un 33 tours sinon rien, le groupe au complet sinon rien. Lorsque John Bonham meurt, le groupe se dissout. Chacun fidèle se révèle fidèle à lui-même, à sa famille, aux amis et aux fans. Becoming Led Zeppelin est une puissante allégorie de ce que représente le fait de devenir artiste : chercher en soi sa différence et la cultiver, s’ouvrir aux opportunités et aux rencontres, ne jamais abdiquer : le succès est au bout du chemin, c’est certain, et il s’entretient avec panache.
Le film est joyeux et extravagant, plein de fantaisie, ce sont les 70’ acidulées, les images sont kaléidoscopiques, le son devient drogue, la batterie cœur, la basse souffle, la guitare veines et le chant, ce cri qui vient de l’intérieur et qui se diffuse comme une longueur d’onde entre les compères musiciens et le reste du monde : leur public toujours plus nombreux de tous univers et âges, les journalistes de tous médias, les scènes internationales. Ils font l’unanimité. L’ensemble forme une âme et un chœur artistique tout simplement éternels. Macmahon a signé un documentaire magnétique qui se transforme en une expérience hallucinogène ardente.