Hiver à Sokcho
6.2
Hiver à Sokcho

Film de Koya Kamura (2024)

Ce film, qu’on dirait peint à l’eau des larmes et des délicatesses est un écrin de grâce et de poésie. C’est l’histoire de deux solitudes qui se trouvent et se répondent. Lui, Yan Kerrand, dessinateur en quête d’inspiration. D’un lieu avant tout, si possible vibrant et agité, mais déserté. Comme l’hiver à Sokcho, en Corée du Sud. Elle, Soo-ha, après des études de droit à Séoul, choisit de revenir à Sokcho, auprès de sa mère, poissonnière. Elle cuisine dans la pension austère et vieillotte de Monsieur Park. Soo-ha est en quête de son père, un Français. Aussi, quand elle voit apparaître Yan Kerrand, son cœur se met à battre plus fort. Ils s’épient, se toisent, s’interpellent, s’apprivoisent. 


L’intrigue progresse par petites touches de pinceau, au rythme de la relation qui s’installe entre les deux personnages, le Français taciturne et la jeune Franco-coréenne curieuse. Elle lui fait visiter la zone démilitarisée, à la frontière des deux Corées ; il lui raconte sa Normandie et un peu de la France. Nous, on observe cette jeune femme grandir sous nos yeux, se révéler au gré des réponses aux questions qui l’obsèdent depuis qu’elles ont ressurgi, lorsque Yan Kerrand est apparu. Koya Kamura peint, quasi en temps réel, le tableau intimiste d’une relation pudique et torturée. Deux portraits évanescents qui s’épanouissent avec discrétion au cœur de paysages propices aux légendes, enneigés, parfois figés, éclairés au loin par quelques lampions. Le fil ténu qui relie ces deux personnages se tisse à l’encre coréenne : lorsque la narration classique fait place à des personnages animés. Le coup de crayon du cinéaste révèle les mots tus, les pensées diffuses, les égarements.


Un film subtil et touchant, très original.

Roschdy Zem s’aventure davantage dans ces rôles où l’émotion nimbe d’un halo d'authenticité l’atmosphère, et ça lui va bien. Il est très séduisant, vieillissant sincère face caméra. Bella Kim, pour son premier rôle, est plus que convaincante : attachante chrysalide devenant papillon, dotée de cet accent charmant. L’un inspire l’autre qui nous inspire : la plus douce des manières de commencer l’année.

Isabelle-K
9
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il y a 2 jours

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Isabelle K

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