En choisissant d'adapter le livre d'Elisa Shua Dusapin, autrice franco-coréenne, pour son premier long métrage, c'est sans doute que Koya Kamura, lui-même franco-japonais, y a trouvé des thèmes qui lui parlent fortement. Sans surprise, Hiver à Sokcho se joue sur un registre intimiste, autour d'une jeune femme coréenne qui n'a jamais connu son père français et dont la rencontre avec un touriste du même pays questionne sa vie présente et future. Très classique dans sa mise en scène, qui ne succombe jamais à l'attrait de l'esthétisme, même si les paysages hivernaux du nord de la Corée du sud sont superbes, le film n'utilise pas la solution de facilité d'une voix off pour expliquer les états d'âme de son héroïne mais lui préfère des séquences d'animation, brèves et rêveuses. Tout en légèreté et en sensibilité, Hiver à Sokcho peut sembler parfois manquer de densité mais l'interprétation de la débutante Bella Kim est suffisamment touchante pour nous attacher à sa personnalité, à sa curiosité et à ses frustrations. Le rôle de l'artiste français égoïste et souvent rude dans ses interactions sociales, frise le cliché mais Roschdy Zem, pour toute la richesse humaine qu'il apporte avec lui, le débarrasse peu à peu de ses traits les plus évidents, pour en faire un être plus complexe et capable de s'ouvrir aux autres.