Malgré le succès de son Pee Wee Big Adventure, Tim Burton s'ennuie, refusant une palanquée de comédies qu'il juge stupides et sans personnalité. Il y a bien cette adaptation de Batman qui traîne dans les parages mais Warner hésite à lui laisser le gouvernail. C'est à ce moment-là que le producteur David Geffen laisse entre les mains du futur metteur en scène de Mars Attacks ! un scénario intitulé Beetlejuice, rédigé par Michael McDowell.


Volontairement foutraque, sans réelle structure ni fin, totalement absurde, le projet est idéal pour laisser enfin éclater le génie créatif d'un Burton pas mal muselé jusque-là. Après les réécritures d'usage effectuées par Larry Wilson puis Warren Skaaren, afin de rendre le script plus comique et moins horrifique, Beetlejuice prend corps, même si son apparence ne cessera de changer jusqu'à sa sortie, triomphale.


Fable macabre montrant l'au-delà comme un interminable enfer bureaucratique, Beetlejuice est un de ces longs-métrages qui trouvent leur puissance dans leurs propres défauts, l'aspect volontairement cheap des effets spéciaux, ainsi que la narration chaotique en faisant un château de cartes branlant mais ô combien attachant, à l'image de son univers décalé et bariolé.


Opposant la simplicité d'une Amérique campagnarde au snobisme des golden boys venus de New-York, entremêlant la vie et la mort dans une délirante mais touchante ode aux freaks, Beetlejuice multiplie les séquences marquantes, les répliques cultes, bénéficiant d'un rythme trépidant parfaitement secondé par la partition à la fois mystérieuse et exaltante de Danny Elfman, et par un casting en tous points parfait.


Mignon tout plein, le couple Geena Davis / Alec Baldwin est cependant éclipsé par une poignée de seconds rôles inoubliables, allant de la jeune Winona Ryder à Catherine O'Hara, en passant par Sylvia Sydney et Jeffrey Jones. Mais c'est bien entendu le trublion Michael Keaton qui laisse une marque indélébile sur le spectateur. Méconnaissable en exorciste trépassé et pervers, jouant de sa gestuelle et des intonations avec un talent fou, le gus est tout simplement hilarant de bout en bout, trouvant là un de ses rôles les plus marquants.


Drôle, décapant, bordélique et sans queue ni tête, imprégné tout du long d'un charme désuet et poétique,Beetlejuice est pour moi un des longs-métrages les plus réussis de Tim Burton, qui aura eu l'occasion ici de familiariser le grand public avec son univers onirique et gothique, avant de s'attaquer aux premières aventures du Caped Crusader.

Gand-Alf

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