Au restaurant Burton : Chauve souris accompagnée de son jus de scarabée, servi sur mains d'argent.
Tim Burton. Le nom qui ne laisse pas indifférent les cinéphiles tant le bonhomme a une patte qui est propre mais qui a fini par l'auto-caricaturer en même temps. Une chose est certaine : notre artiste à la touffe en bordel a du talent et de l'imagination mais elle a besoin d'être cadrée et cordonnée.
Beetlejuice est son second film mais le premier où il a pu se lâcher (Pee-Wee restant un produit de son créateur d'origine) et après l'avoir vu, j'ai eu l'impression de voir un devoir de classe, un premier jet avant de faire la copie au propre. Je dis ça dans le sens qu'on sent très bien quel univers le botte, qu'il sait bien nous y introduire mais que cela reste bien bancal, brouillon pour rester dans la métaphore.
Il faut dire que l'histoire n'est pas bien épaisse mais ce n'est pas si grave, d'autres savent s'en tirer sans profondeur et jouer sur la forme du récit. Burton le fait bien ici, on sait que le bonhomme aime voir le sordide de manière enjouée et c'est bien le personnage de Beetlejuice qui l'exprime au mieux. Michael Keaton s'amuse tellement et on s'amuse avec lui, on en viendrait presque à se demander pourquoi ce n'est pas lui qui a joué le Joker car il semblait pouvoir en tirer un excellent parti. Cela dit, vu qui s'est glissé sous le masque au final, va t-on se plaindre ? Je ne pense pas. D'ailleurs cela témoigne du parti pris couillu de Tim : après ce rôle, on imaginait d'autant plus mal Keaton en Batman et pourtant il s'en est très bien sorti.
Cela dit, le film s'appelle Beetlejuice mais il n'apparaît pas tant que ça et sa loufoquerie n'est donc pas exploitée autant qu'on l'aurait voulu. Résultat on ne rentre que par à coups dans l'histoire et les autres personnages ne bénéficient pas tous de la même exposition ou ne nous passionnent pas autant, sauf celle de la fille jouée par Winona Ryder, excellente. Après avoir vu la Famille Addams j'en viens à rêver une confrontation entre elle et Mercredi, je ne sais pas vous mais...
J'aurais voulu un film plus délirant, mieux construit. Il aurait pu être excellent s'il était mieux travaillé. Il reste les performances de Keaton et Ryder, l'univers qui reste accrocheur (les effets spéciaux cheap ne détonnent même pas du coup) et cette ambiance assurée par une BO magistrale. Sérieusement, rien qu'entendre le thème principal m'a donné envie de voir le film, merci Danny Elfman.
Néanmoins le potentiel était là et Burton l'a mieux démontré par la suite. Il faut bien se faire la main et pour commencer, ça reste très sympathique, je n'ai juste pas autant accroché que je l'aurais aimé.