Voici un premier film canadien tout mignon et plutôt bien orchestré que nous offre Trevor Anderson. Originaire de l’Alberta, il a décidé d’y planter le décor de sa première œuvre que l’on suppose hautement autobiographique. Genre très prisé, notamment pour des projets inauguraux car on peut y mettre beaucoup de soi-même, le coming-age movie est devenu très prolifique sur les écrans. On y voit des adolescents dans la fleur de l’âge s’accomplir par diverses épreuves à la fois plus ou moins tendres et difficiles selon les films. De « Presque célèbre » à « Lady Bird » en passant par « Mais où es-tu Margaret !? » l’an passé, ils sont légion et prennent comme personnage principal un garçon ou une fille à cette période charnière de leur vie. « Before I change my mind » a cette petite originalité - qui matche avec l’actualité du moment – de prendre un jeune garçon qu’on devine gay ou qui se pose des questions sur son identité de genre. Sujet woke par excellence, le film a le bon goût de ne pas mettre cela au premier plan ou d’en faire de la propagande mais, au contraire, d’en faire un simple trait de caractère qui restera au second plan sans pour autant être présenté timidement. Une juste mesure appréciable qui rend le long-métrage encore plus juste et logique puisque le film se déroule dans les années 80 et que ce genre de sujet de société n’avait pas mot au chapitre à l’époque. D’ailleurs, ce contexte eighties est l’un des points forts du film puisque l’image un peu vieillie, les passe-temps de cette jeunesse de l’époque (qui mettent les spectateurs ayant connu cette époque en mode Madeleine de Proust), les décors, les coiffures et maquillages absolument kitsch aujourd’hui sont particulièrement agréables à redécouvrir au sein de ce petit film charmant.


Anderson a écrit des personnages en proie à des questionnements divers, pas forcément à l’aise avec eux-mêmes, plein de failles, de doutes en rapport avec leur âge, leur sexualité ou encore qui ont besoin de s’affirmer. C’est écrit avec beaucoup de réalisme et de délicatesse et tout sonne vrai. Les jeunes acteurs choisis ici sont tous géniaux de naturel et parfaitement dirigés. « Before I change my mind » se regarde comme une petite douceur empreinte de nostalgie, voire de mélancolie parfois quand certaines séquences s’avèrent plus sombres. On apprécie également que pas mal de clichés propres aux films avec de jeunes adolescents soient évités ou vite expédiés comme, par exemple, les moqueries auxquelles font souvent face les nouveaux d’un établissement scolaire lorsqu’ils semblent timides ou effacés. L’épilogue est en revanche un peu trop vite expédié et laisse un peu sur sa fin, comme si Anderson ne savait pas comment boucler son film. Après, il faut également avouer qu’il n’y a rien d’extraordinaire, ni de franchement mémorable dans ce premier essai mais c’est tout à fait agréable à regarder et sans baisse de rythme.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 3 juin 2024

Critique lue 17 fois

Rémy Fiers

Écrit par

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