Nous avions quitté Céline et Jesse il y a grosso modo huit ans, à Paris, dans ce qui semblait être une seconde tentative pour cette fois concrétiser leur embryon d'idylle, ne plus laisser la vie les séparer et peut-être, construire quelque chose ensemble. Du moins c'est ce que mon optimisme m'avait suggéré face à une fin ouverte. Bingo, j'avais gagnéééé, à nouveau huit ans plus tard, les deux tourtereaux ont fait un sacré bout de chemin ensemble, adorables jumelles au sommeil profond à l'appui. Mais cela va-t-il durer ?
Construit sur le même principe que les deux précédents volets, "Before Midnight" est de ces châteaux de cartes extrêmement fragiles, dont la réussite ne dépend que d'une chose: l'alchimie. Alchimie entre les comédiens (excellents Julie Delpy et Ethan Hawke), alchimie entre le texte et ceux qui le déclame et surtout, alchimie entre les personnages et les spectateurs. Si l'avenir du couple Delpy / Hawke ne vous intéresse aucunement, le film de Linklater ne sera pour vous qu'un pensum théorique aussi chiant que bavard. Par contre, si vous avez un tant soit peu d'empathie pour eux, alors les retrouvailles seront émouvantes.
Longue série de plan-séquences laissant à ces comédiens toute latitude pour donner vie à leur personnage, "Before Midnight" baigne d'abord dans une certaine légèreté apaisante, le cadre des vacances, des amis (une première, nous faisons la connaissance d'autres couples) donnant l'illusion, dans un premier temps, que tout va bien. Comme on le fait souvent finalement. Nous jouons une sorte de rôle, nous mettons nos masques enduis d'un bonheur factice histoire de faire bonne mesure et de noyer le poisson, dans une sorte de compétition puérile bien connue des couples.
Puis vient le moment où l'on se retrouve seuls à deux. Où la comédie n'a plus lieu d'être puisqu'il n'y a plus de public. Alors les rancoeurs peuvent ressurgir. On rejette la faute sur l'autre. On claque la porte. Pour mieux la rouvrir, se rabibocher fugacement, puis recommencer le même cirque. On sort alors les vieux dossiers. On laisse planer le doute. Puis on s'enfuie. Définitivement ?
D'une écriture maîtrisée, parfaitement rythmé et cohérent avec les autres métrages, "Before Midnight" est la suite logique d'une histoire d'amour improvisée, inattendue, qui n'était pas censée arriver, une étude sur le couple et sur l'amour certes bavarde mais qui pousse à la réflexion, des retrouvailles jamais décevantes avec des personnages que l'on a fini par aimer profondément et dont je n'espère qu'une chose, les retrouver à nouveau dans huit ans, quelle que soit leur situation... et la mienne.