I was fine, until I watched this fu*** movie

C'est ce que dit Céline à Jesse, qui a cru malin d'écrire un livre sur leur rencontre fusionnelle mais restée sans lendemain neuf ans plus tôt : I was fine until I read your fu*** book. Sous-entendu je m'étais habituée à ne plus tomber amoureuse, j'avais accepté de ne plus jamais retrouver ce niveau de connexion, j'étais dans une médiocrité de confort. Et là, tu viens tout remuer avec ton livre, ce qui me fait très mal et fait ressurgir un tsunami de regrets.

Toutes celles et ceux qui auront eu la chance rare de rencontrer l'amour de leur vie mais sans avoir vécu l'histoire jusqu'où elle aurait pu et dû mener comprendront parfaitement Céline. J'en veux donc un peu à ce film de m'avoir bouleversé à ce point et d'avoir remué des trucs avec lesquels je pensais être en paix. Il serait temps pourtant. Sauf que non, certaines relations ne sont pas faites pour être complètement oubliées, même quand on les croit refoulées. C'est ce que dit Before Sunset, et il le dit merveilleusement bien. Ce film est ultra romantique mais n'est pas une comédie romantique neu-neu au scénario et personnages improbables, ne vous trompez pas d'endroit.

Et Jesse de répondre "mais j'ai écrit ce livre pour te retrouver". Qu'est-ce que vous voulez faire et dire après ça, à part rater votre avion ?

Je ne pourrais plus jamais en vouloir pour quoi que ce soit à Julie Delpy, même pas pour son ignoble Two Days in Paris.

Tarte à la crème mais ça va mieux en le disant : ne regardez pas ce film sans avoir vu le volet 1, Before Sunrise, tourné et sorti neuf ans plus tôt, très bon et qui raconte justement la rencontre qui a tout changé. Vous passeriez complètement à côté de la puissance de Before Sunset.

Les 25 dernières minutes du film sont simplement parfaites, et la conclusion une des plus belles de l'histoire du cinéma - sans exagérer, tant l'équilibre et la délicatesse atteignent un niveau rarement égalé.

Comme je ne suis plus trop actif sur ce site, je pense que ceci sera ma dernière critique. Un bien beau film pour prendre sa retraite des réseaux sociaux. D'ailleurs, les téléphones mobiles auraient existé en 1995, Céline et Jesse ne se seraient même pas croisés du regard, dans le train entre Budapest et Vienne.