La mélancolie nous gagne dès les premières images, mais une mélancolie douce, qui enveloppe et protège. C'est l'hiver sur la côte du sud brésilien. Tomaz y accompagne Martin venu à la demande de son père régler (ou pas) des affaires de famille.
Les deux amis prennent du bon temps, s'amusent, reçoivent des filles, boivent. On sent leur amitié ancienne, profonde, un lien fort né de l'enfance. Le film avance sans trop en dire, préservant le mystère de ses personnages, son propre mystère. Les deux garçons se ressemblent, se parlent peu, comme s'ils se découvraient à nouveau, enfants devenus hommes, taiseux mais prêts pour l'aventure.
On ressent le vent froid, la mer glacée, l'isolement. Doucement les corps se meuvent, la parole se libère, les mots se disent. Le film capte le trouble, la puissance de l'amitié, les élans de vie. C'est comme s'il avançait vers la lumière, la révélation à l'autre, à soi-même.
La mise en scène est délicate et sensitive, les deux jeunes comédiens sobres et touchants. Beira-Mar, premier film cristallin de Filipe Matzembacher et Marcio Reolon, peint le réel comme un fantasme, une histoire rêvée.
Les plus belles histoires sont toujours rêvées, ce sont les plus fortes et les plus pures.