HRUTAR se situe pour sa part dans l’arrière-pays islandais, où un tiers seulement de la population résiste au climat dans des paysages à couper le souffle (la densité en Islande est de 3,2 habitants au km², un record minimal pour l’Europe !). Là, Gummi (Sigurður Sigurjónsson) et Kiddi (Theodór Júlíusson), deux frères sexagénaires et célibataires qui ne s’adressent plus la parole bien qu’étant voisins, vivent de l’élevage de moutons et de concours du plus vigoureux bélier des environs. Cependant, lorsqu’un cas de tremblante du mouton, maladie dégénérative incurable touchant les ovins, se déclare dans la ferme de Kiddi, ce sont tous les troupeaux de la région qui doivent être exterminés. Débute une lente agonie pour ces éleveurs, dont la seule ressource provenait de leurs bêtes. Partir ou rester, et craindre les dettes et la pauvreté ; persévérer ou se reconvertir, et émigrer. Les décisions sont ici cornéliennes et brisent les cœurs. Pour faire face à l’impensable, Gummi sombre dans la solitude et Kiddi dans la boisson. L’hiver succède à l’été, et les montagnes se drapent d’une neige collante sans que les frères n’aient cherché à se pardonner, eux qui communiquent par de petits morceaux de papier transmis par le chien qu’ils affectionnent ensemble, mais chacun de leur côté. Il y a une tristesse au milieu de cette nature toujours active.
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