En décernant son prix principal à Béliers, le jury de la section Un certain regard de Cannes 2015 a fait preuve d'un rare discernement.
Le deuxième film de Grimur Hakonarson est en effet une réussite totale.
D'abord, il y a ces paysages islandais infinis, aussi impressionants dans l'immensité verdoyante de l'été que dans la pénombre hivernale. Il y a ensuite ces deux acteurs époustouflants, deux frères silencieux depuis des années, tout en habitant l'un à côté de l'autre, et qui ne communiquent plus que par chien interposé.
Mais l'intérêt du film réside surtout dans l'évidente intelligence du scénario et du montage. A partir d'un prétexte ultra simple (une maladie décime les moutons), Hakonarson parvient à construire une oeuvre qui est à la fois un western haletant, un thriller ovin à fort suspense, et une comédie au neuvième degré, qui peut être désopilante.
Béliers est à ce titre un très bel exemple d'humour islandais : une distanciation pince-sans-rire, qui rappelle l'humour british, en plus cruel, avec des pointes de suréalisme rugueux.
La mise en scène est sûrement la plus belle que j'ai pu voir cette année au cinéma : chaque plan parait à la fois simple, beau et indispensable. La beauté plastique du film est entièrement mis au service d'une dramaturgie réglée de façon millimétrique.
Un superbe morceau de cinéma, à découvrir absolument.