Believer 2
5.2
Believer 2

Film de Baek Jong-Yeol (2022)

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La bonne ou la mauvaise nouvelle ? La bonne nouvelle est que Believer 2 est un très bon film d'action, entier mais dont le majeur handicap est de se taper l'incruste de Believer, version notamment améliorée (pas grande chose à voir, d'ailleurs) du film de Johnnie To, Drug War. La mauvaise ? C'est qu'il n'aurait jamais dû s'appeler "Believer 2" ou du moins être présenté de cette façon. Il s'agit d'un midquel : l'histoire se passe pendant une période située dans l'opus original. Le réalisateur, les scénaristes ont changé, et Ryu Jun-Yeol a littéralement été éjecté.

Pourquoi Friends est devenu l'une des séries les plus populaires de tous les temps ? Drôle, légère, des bonnes petites histoires… mais la série prend appui surtout et par-dessus tout sur la personnalité de chaque personnage. On apprend à les connaître, ils restent toujours fidèles à eux-mêmes et ils ne nous déçoivent jamais. Le regretté Matthew Perry aurait refusé de tromper Monica car Chandler n'aurait jamais fait un truc pareil.

Si vous voulez réaliser un midquel, pas une suite, mais le développement d'une scène à l'intérieur d'un film quand même, il ne fallait pas changer d'acteur pour le personnage de Rak et ne pas faire de l'inspecteur Won-Ho une tête brûlée qui fonce dans le tas sans réfléchir. Le jeu d'acteur de Oh Seung-hoon est vraiment très fort et ce n'est pas pour rien qu'il a gagné le prix du meilleur nouvel acteur pour le film Method. Mais ce n'est pas le Rak que nous connaissions. Ce Rak-là n'avait pas beaucoup d'expression ou disons plutôt que son regard était assez énigmatique. Voilà tout le charme de Ryu Jun-Yeol, il donne cette impression indéfinissable, comme si on ne savait jamais ce qu'il pense et du coup, il se dégage de lui une grande profondeur.

Lors du premier volet, il a été exigé à Jun-Yeol d'interpréter un personnage calme, sans expression et dénué de toute émotion (du moins apparente). L'acteur a partagé d'ailleurs sa difficulté de transmette ce qui lui a été demandé, alors que son rôle n'a presque pas de répliques. Rak est assez éloquent alors qu'il ouvre à peine sa bouche. Cependant, Oh Seung-hoon, a été sélectionné lors d'une audition, battant 299 autres candidats, à cause ou grâce à son visage, qui, selon le nouveau réalisateur, semble avoir de nombreuses histoires à raconter. À un certain moment, il a été coiffé pareil, habillé pareil et cela devient encore plus décevant. Rak nous déçoit. Le réalisateur voulait une autre version de Rak et de toute évidence, il était le seul à le vouloir.

Byun Yo-Han incarne le rôle de Jin Ha-Rim, un baron de la drogue sino-coréen. Précédemment joué par le regretté Kim Joo-hyuk, qui pourrait lui arriver à la cheville ? Et pourtant, rien à dire sur l'interprétation d'un Byun Yo-Han, consistant et sûr de lui. Un acteur qui arrive à incarner son rôle jusqu'au bout, dégage quelque chose de foncièrement admirable, et c'est son cas, mais malheureusement ce n'est pas le Jin Ha-Rim, complètement désinhibé que nous connaissions.

Alors, pour apprécier le film, il faut arrêter tout a priori. Il faut se dire que notre premier Rak n'existe plus, pour apprécier la performance du deuxième. Il s'agit d'un autre film, d'un autre personnage. Il faut prendre le film tel quel pour l'apprécier et oublier le premier, ce qui est très difficile.

Si l'inspecteur Jo Won-Ho et Rak survolent l'histoire, « la chose » se passe surtout entre Brian Lee, interprété par Cha Seung-won, et la solidité qui le caractérise, et La Lame, interprétée par Han Hyo-joo. Une opinion très mitigée. Un terme propre surtout aux acteurs indiens nous apparaît tout le long de sa performance : overacting. Elle surjoue et elle n'est pas crédible. Comme si quelqu'un lui avait dit que si elle met sa langue contre sa joue, qu'elle fait de grands yeux et qu'elle marche à la John Wayne, elle sera la parfaite psychopathe. Oui mais non.

Malgré toutes ces pierres sur lesquelles on trébuche, l'histoire suit son chemin et on s'y accroche. La chaleur en Thaïlande, la souffrance de Brian Lee et son goût pour le blanc, les fusillades, ce visuel absolument fantastique qui est capable, par exemple, de faire des chevilles (et des fesses) de Byun Yo-Han, des compositions magnifiques et sensuelles (vous me direz, Byun Yo-Han à lui tout seul est déjà une composition magnifique et sensuelle). Cette impression de se trouver tout le temps au bord d'un danger imminent. Les efforts pour oublier qu'il s'agit d'un bébé d'une grossesse extra utérine du génial Believer portent leurs fruits, et nous finissons par nous engouffrer facilement dans ce genre d'univers parallèle. Pas besoin de réfléchir, tout nous est offert sur un plateau, même les revirements, même ce dont on ne s'attend pas.

Si le premier Believer se permet quelques touches de sentimentalisme, que l'on devine plus qu'une autre chose (l'affection de Rak pour son chien, l'histoire de Rak, la bromance avortée entre les deux hommes…), ce deuxième volet parsème des séquences dédiées exclusivement aux émotions, comme si le temps s'arrêtait. On ne s'en plaint pas, cela nous fait nous rappeler que l'être humain n'est pas que méchanceté et que même une psychopathe qui adore couper des têtes, semble avoir des sentiments. Mais cela donne aussi une impression de vouloir boucher des trous, comme si le scénario n'avait pas assez de ressources.

Et puis, nous arrivons tout doucement vers la fin, dans tous les sens du terme. Il a fallu huit saisons de Game Of Thrones et son "The winter is coming" pour qu'Arya tue le seigneur de la nuit en deux secondes, ce qui, entre autres, a rendu la huitième et dernière saison la pire des dernières saisons de tous les temps. Notre M. Lee ne fait qu'une très courte apparition et nous rappelle l'un de ces vieillards propres au Studio Ghibli. Tout ça pour ça. Le but, la finalité de ces deux films n'était pas de trouver cet omniprésent M Lee ? La touche indéniable de Johnnie To prend possession de la fin sous une forme particulièrement à côté de la plaque.

C'est dommage tout ça parce que le film en soi, même s'il ne se démarque pas de tout ce courant des films d'actions coréens dont nous sommes habitués, est un bon film, même un très bon film d'action. Si Believer était tentaculaire, il est clair que d'autres midquel, voire suites (des vraies) peuvent s'avérer tentants. L'histoire de ce M. Lee (n'est-ce pas ?) au cours de laquelle on pourrait parler plus amplement par exemple de Rak et de ses parents. Une suite avec les nouvelles aventures de Brian Lee… il est certain que beaucoup de portes se sont ouvertes.

Le meilleur moment du film reste le générique de clôture. Sous la reprise de Jeff Buckley de la chanson de Léonard Cohen "Hallelujah", les acteurs se montrent en même temps que l'apparition des crédits, une dernière ligne à la fin rendant hommage à la mémoire de Ju-Hyuk Kim. C'était un très bon acteur qui avait interprété son dernier rôle à la perfection. Cette dernière ligne nous amène à une intensité très difficile à reproduire.


Cooleur_Asia
7
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le 20 nov. 2023

Critique lue 763 fois

Cooleur Asia

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