La terre sombre dans le chaos et il n’y a plus d’eau. Il faut donc, la chercher ailleurs. Jusque-là, rien de nouveau. L’ambiance, très posée depuis le début, nous situe déjà dans ce qui sera l’atmosphère de tout le drama. Très vite, l’action évolue dans ce calme dense et incroyablement silencieux qui est l’espace lunaire. Les couleurs bleues foncé, noire et grise ne nous quitterons plus. Nous pouvons sentir le froid, la précarité de la situation et c’est à ce moment-là qu’on se rappelle du titre.
La lune et la base spatiale, reproduites avec 5 décors dans un espace d’environ 9000m², ont donné un résultat très réaliste. On pourrait dire que les effets visuels (VFX) et les travaux d'infographie (CG) visent à nous montrer l’évolution des films coréens de science-fiction après Space Sweepers, film réalisé aussi en 2021. Alors, maintenant que le contexte est bien édifié, on peut passer à autre chose et se concentrer sur l’histoire.
En ce moment, nous sommes malheureusement dans une époque qu’on pourrait traiter de science-fiction. Nous vivons un scénario propre de Stephen King. Alors bien sûr, il n’est pas étonnant que les virus aient remplacés les extraterrestres. Le sujet avait déjà été touché mais d’une façon plus isolée. L’action se concentrait dans un village, dans un pays et c’étaient souvent les cow-boys, pardon, les Américains qui venaient sauver la planète.
The Silent Sea nous présente plusieurs sujets avec une telle finesse et une telle esthétique, que nous ne pourrons que regarder, émerveillés, la suite des événements. Même le générique est magnifique. Mourir de noyade alors qu’il n’y a pas d’eau, il faut le faire. Il faut surtout le penser. Il faut surtout l’imaginer, le concevoir parfaitement pour que l’idée reste ferme et ne tombe pas dans les méandres de la nullité. Tous ces éléments étonnants nous feront pardonner ou plutôt, passer outre certaines ressemblances à d’autres films (il y a toujours quelqu’un qui sait des choses que les autres ignorent. Ou qui doit faire réussir la mission même si tout le monde meurt. Ou qui saura toujours ce qu’il faut faire…).
Woo-Sung Jung produit The silent see (il s’agit de sa deuxième production après le film 'Don't Forget Me', 2016). Fasciné par le projet, il n’a pas lésiné dans les dépenses. Il confirme sa passion pour la création et il arrivera, par son goût du détail, à nous faire vivre dans ce territoire inconnu et froid qui peut évoquer la lune. Pour rendre honneur à ses efforts et d’ailleurs, à tous ceux qui ont participé dans ce projet, il est très important de ne pas tomber dans la comparaison des films américains dont nous avons baigné jusqu’à présent. Ce film de science-fiction à la coréenne se présente au monde entier sans complexes, avec une assurance qui nous laissera perplexes.
La Corée du Sud a encore des efforts à faire pour que la fin de leurs films ou dramas soit parfois moins ouverte, plus compréhensible. Ces fins qui pourraient nous faire croire que nous venons de voir l’introduction et que le sujet principal arrivera dans une autre saison. Ou pas. Il est toujours très intéressant d’assister à une conclusion légèrement floue ou radicale qui laisse place à notre imagination, malheureusement souvent assez limitée. Comme dans le cinéma japonais, ce qui compte c’est l’histoire, l’action dans le présent. Comme une photo prise par hasard. Le plus important n’est pas l’avant ou l’après, mais ce qui se passe maintenant. Ce genre de style est inhérent au cinéma asiatique et parfois, juste parfois, une fin un tout petit peu plus claire, plus achevée, serait la bienvenue.