Adaptation de "La Sorcière" de Michelet et mélange de trips psychédéliques, infernaux, symboliques, expressionnistes, pop power, etc.
La couleur y joue un grand rôle : plus les peaux et chevelures tournent vers le rouge (pourtant assimilée au Diable) et plus les personnes semblent vivants et épanouies. Tandis que les hommes du clergé, de la noblesse, de l'armée et de la loi sont ternes, froids, fades et ont l'air même plus diaboliques que Jeanne et Satan eux-mêmes (alors que ce dernier a une forme phallique rouge).
C'est même le cas lorsque la comtesse se fait tuer avec son amant : leurs corps sont plus "vivants" même dans la mort (ironique).
Si la partie sur la peste semble ressembler à la fin absolue et déprimante du monde, l'épanouissement de Jeanne et des villageois après leur longue descente aux Enfers réjouit. L'Église et la noblesse du Moyen-Âge sont alors critiqués, accusés de rendre les paysans malheureux en leur interdisant tout et en volant leurs biens.
Quand le film se finit en parlant de l'action des femmes sous la Révolution française de 1789, c'est une référence à ce qu'avait dit le prêtre à propos de Jeanne. C'est-à-dire qu'il fallait éviter de la brûler, car la sympathie que les villageois avaient à son égard pourrait se retourner contre la noblesse et le clergé.
En somme Jeanne était plus triste pour Jean que pour elle sur le bûcher (Jean est mort après être devenu rouge de colère et avoir essayé de tuer le Comte).
Si on peut aimer le message et l'appel à la fraternité contre l'oppression, en revanche la surabondance d'images sexuels explicites va plus paraître à certains moments comme un racolage douteux que comme un moyen de dénoncer la culture du viol ou au contraire de l'abstinence forcée.
Parce quand Jeanne se fait violer, c'est effrayant et traumatisant. Mais pour ce qui est des autres scènes de sexe et d'orgie, ça va juste vous blaser au bout de quelques minutes.
On a de la peine pour Jeanne mais le film est assez inégal à cause d'une imagerie sexuelle pas toujours bien utilisée ou équilibrée malgré un certain effort. Et aussi parce que certaines scènes ressemblent à n'importe quelle compilation barge d'animations psychédéliques.
Mais le résultat reste mémorable quoique bizarre...