Les deux derniers films de Chabrol sont des épisodes télé de la série Maupassant de France 2 que je n'ai pas eu le plaisir de voir, mais son dernier film de cinéma est un chef d'œuvre crépusculaire totalement déconcertant et magnifique. Faux polar ou règne un pesant suspense et où chaque personnage semble décrit comme le suspect d'un crime à venir, et qui n'arrivera pas, le film impose un rythme tout à fait singulier, une mise en scène véritablement bizarre ou chaque plan et chaque mouvement de caméra apparaissent comme étranges et inattendus. Mais surtout, il déploie un récit faussement simple et linéaire dans lequel chaque personnage semble tendre à un objectif inconnu mais précis et ou, en définitive, chacun semble s'enliser dans ses mensonges, ses obsession et ses non dits.
Le film est d'ailleurs dédié à Simenon (et à Brassens) dont on sent constamment l'influence profonde même s'il s'agit d'un scénario original.
L'interprétation y est miraculeuse, notamment de la part de Depardieu qui laisse craindre le pire dans les premières minutes et auquel Chabrol inflige une sobriété de jeu qui donne l'impression de ne plus l'avoir vu aussi bon depuis des années.
Bellamy restera, c'est certain, comme un des plus grands films de son auteur, mais aussi comme l'un des plus mystérieux, presque impénétrable. Magnifique !