Show : your ennemy.
Le modeste Mirai, ma petite sœur, avait laissé le spectateur un peu sur sa faim quant au cinéma d’animation de Mamoru Hosoda : ce dernier semble en avoir pris conscience, au point que le prologue de...
le 30 déc. 2021
48 j'aime
2
Support: 4K Bluray UltraHD
Il en a fait du chemin Hosoda, depuis ses débuts en tant qu’animateur sur les séries Dragon Ball Z et Crying Freeman, à ses premières réalisations sur des films Digimon ou One Piece pour la Toei. Dès 2006, avec le touchant La Traversée du Temps, première création indépendante de toute franchise shōnen, il a su poser un univers qu’il continuera de développer et d’enrichir au fil de sa filmographie. A l’amour des ellipses et jeux temporels de ce “premier” long, Summer Wars apporte une animation en image de synthèse qui permet de dépeindre un univers virtuel. Viennent ensuite s’ajouter une touche naturaliste avec Les Enfants Loups, et une dimension féerique avec Le Garçon et la Bête. Enfin, Mirai apporte une touche intimiste à sa palette. Il est important de revenir sur cet ensemble d'œuvres, car Belle en est une synthèse, brassant avec une réussite quasiment complète ces savoir-faire pour délivrer un film qui se fait supérieur à la somme de ses éléments.
Deux styles graphiques cohabitent en harmonie tout au long du métrage, avec une animation CG explosant la rétine pour toutes les scènes se déroulant dans l’univers virtuel de U, et une autre, faite à la main (ou tout du moins y ressemblant), vient accompagner les scènes de vie réelle, donnant corps à une nature faite de rivières à la fois sereines et dangereuses, et figeant des lieux du quotidien dans un moment suspendu hors du temps où tout est possible (le lycée, la station de train…). Le tout est sublimé par un habillage sonore fantastique, des chansons gracieusement interprétées aux bruitages immersifs.
Belle est aussi une conjonction de thématiques, allant de la gestion du deuil à l’affirmation de soi, en passant par la maltraitance, l’altruisme et la place des réseaux sociaux dans la société. Une variété qui aurait put être hasardeuse chez un artiste moins talentueux, mais qui se conjugue avec maestria dans cette nouvelle visite de La Belle et la Bête (il ira même jusqu’à copier un plan de la version Disney), où l’amour n’est pas celui de la sensualité et du désir, mais celui de la conection avec une autre âme en peine. Si le film flirte parfois avec un pathos un peu mièvre, il possède des moments poignants (ce discours sur l’aide, par caméra interposé, m’a humidifié les yeux) ou tout simplement magistraux (la chanson finale, devant une foule impossible) et qui resteront gravés en mémoire.
L’alliance de la narration forte et d’une esthétique époustouflante font de Belle une pièce clé dans la filmographie de Hosoda, une œuvre somme qui donne grand espoir pour la suite de la carrière du bonhomme.
Bonus:
Une interview de 20 minutes de Hosoda, qui parle de la place des baleines et des loups de son imaginaire, de ce que représente pour lui deux personnages qui se tiennent la main: une image plus puissante qu’un baiser et qui transcende la romance. La façon dont Hosoda répond aux questions, comme s’il cherchait lui-même les réponses, laisse penser qu’il ne conscientise pas forcément tout ce qu’il met dans ses films et qu’il part avant tout d’une inspiration émotionnelle plutôt que symbolique ou intellectuelle. Ça le rend d’autant plus attachant tant cela transpire dans ses œuvres.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de Mamoru Hosoda, Les meilleurs films de 2021, Filmothèque Bluray, On regarde quoi en 2024? (Films) et Les meilleurs films avec des mondes virtuels
Créée
le 7 mars 2024
Critique lue 13 fois
D'autres avis sur Belle
Le modeste Mirai, ma petite sœur, avait laissé le spectateur un peu sur sa faim quant au cinéma d’animation de Mamoru Hosoda : ce dernier semble en avoir pris conscience, au point que le prologue de...
le 30 déc. 2021
48 j'aime
2
Ne croyez pas ceux qui, sur base d'un simple argument de départ, rapprochent Belle de Summer Wars, ou en feraient une simple suite. Car Belle est très loin de cela, même s'il y a dedans un monde...
le 6 nov. 2021
45 j'aime
19
154eme film de l'année et déception pour moi pour le dernier opus de la japanimation de cette fin d'année qui est pour moi un petit Hosoda dans l'esprit d'un Summer Wars assez inégal. Dans la vie...
Par
le 30 déc. 2021
22 j'aime
8
Du même critique
Alors qu’à chaque nouvelle itération de la formule qui trône comme l’une des plus rentables pour la firme française depuis déjà quinze ans (c’est même rappelé en lançant le jeu, Ubisoft se la jouant...
Par
le 10 oct. 2023
21 j'aime
Il est de ces jeux qui vous prennent par la main et vous bercent. Des jeux qui vous entraînent dans un univers capitonné, où de belles couleurs chaudes vous apaisent. Spiritfarer en est. Le troisième...
Par
le 9 sept. 2020
13 j'aime
2
Cinquante heures pour le platiner, et c'est d'ailleurs bien la première fois que j'arrive à aller aussi loin dans un roguelite. Non pas qu'il soit facile, il est même étonnamment ardu pour un triple...
Par
le 30 juin 2021
12 j'aime
6