Des films mexicains, c'est déjà pas tous les jours qu'on en croise. Des films d'horreurs mexicains, encore moins. Mais des films d'horreur mexicains de bonne facture, c'est carrément de la pépite.
Et là, c'est ce qu'on a.
Car, tout en reposant sur les codes du genre horrifique, Belzebuth reste innovant et efficace. Tout d'abord, le fait de s'en prendre à des enfants est audacieux et en ce sens innovant - et plus encore dans la manière de s'en prendre explicitement à eux. En outre, l'association entre le flic efficace, à l'esprit critique aiguisé et encore traumatisé par un passé en lien avec l'enquête (un lien qu'il ignore), et le jeune prêtre à la fois bien formé mais inexpérimenté marche bien ! D'ailleurs, les acteurs sont terriblement bien choisis, et talentueux !
Enfin, le pompon est décroché par ce personnage de l'ancien moine, au visage tatoué de runes inconnues, charismatique au possible qui dynamite le film et lui permet d'éviter les facilités scénaristiques qu'il aurait pu emprunter. C'est fort, c'est frais et c'est efficace.
On peut même noter un montage original, une écriture parfois impertinente si ce n'est drôle, et quelques images bienvenues qui montrent à nouveau, s'il y avait besoin de le rappeler, que le cinéma d'horreur reste du cinéma, et qu'en tant que tel, il peut, lui aussi, proposer du contenu esthétique.
Il reste néanmoins quelques déceptions. L'image du Christ qui se réveille, par exemple, est assez laide. A tel point que l'effet recherché (la peur) est raté. Et, de la même manière, la sempiternelle scène d'exorcisme remet le film dans ce qu'il avait su si justement éviter, j'entends par là les poncifs du film d'horreur, et l'engage dans du déjà-vu et même revu au point de décevoir le spectateur qui attendait une fin aussi original, fraîche et efficace que la première heure du film. C'est dommage.