Le film de Paula Delsol explore avec acuité les méandres de l’esprit d’une femme tiraillée entre conscience et inconscient, entre ce qu’elle est et ce qu’elle aspire à devenir. L’esthétique du film se construit autour de ce dialogue intérieur, entrelacé de manière si fluide que la frontière entre réalité et fiction ne se devine qu’à travers l’interprétation volontairement désuète des comédiens, Bernadette Lafont en tête.
Elle incarne tour à tour Ben, la jeune femme réservée et dépendante du brutal Daniel Duval, et Bénédicte, bourgeoise frivole menant une vie dispendieuse aux côtés du tendre André Dussollier. C’est cette même Bénédicte qui, en brisant le quatrième mur dans un rare moment de lucidité, se dévoile dans toute sa vulnérabilité, révélant ainsi la nature profonde de son fantasme : l’assujettissement. Oui, même dans tes fantasmes, Ben, tu restes l’objet d’un homme, asservie au joug omniprésent du patriarcat.
L’intérêt du film réside dans sa manière de creuser les contradictions inhérentes aux courants de pensée féministes, dépeignant une quête d’émancipation qui reste piégée par des désirs ancrés dans la tradition. Bénédicte, par exemple, choisit de garder son enfant tout en continuant à subir la violence de Daniel Duval, sans pour autant trouver refuge dans la douceur d’un Dussollier relégué au second plan. Mais ce second plan est précisément là où réside la puissance du fantasme de Ben, où la douceur et l’attention sont reléguées aux marges.
Cependant, malgré ses intentions militantes, Paula Delsol échoue à transcender esthétiquement son propos, emprisonnant son héroïne dans une absurdité qui finit par affaiblir le discours féministe. En essentialisant le dilemme de son personnage, le film se perd dans ses propres contradictions, peinant à offrir une réflexion claire et cohérente sur la condition féminine.