Qu'ils soient bons ou mauvais, il y a deux sortes de films. D'un côté, il y a les petits, les modestes, ceux que l'on se torche tranquillement en une petite heure et demie, deux grand maximum, des longs-métrages qui peuvent se visionner à toute heure du jour et de la nuit, quelque soit l'époque. Puis il y a les autres. Les grands, les maousse costaud, les imposants, ceux dont l'affiche semble te promettre du bien dur, de l'épique, des grands sentiments en veux-tu, en voilà, ceux que tu ne regardes qu'une fois tous les cinq ans, si possible en famille ou entre potes, ceux qui impressionnent autant qu'une statue de vingt mètres de Sébastien Chabal, ceux dont la durée équivaut à une saison entière de "Sherlock".

Avec ses onze oscars, ses décors titanesques, sa bande sonore dont les basses feraient moutrave dans son caldé David Guetta, ses comédiens aux muscles huileux fouettés au son du tambour et filmés comme le serait un coït entre deux catcheurs adepte du SM, son contexte chrétien pré-Gibson, son édition collector bluray au boitier métallique de deux kilos prêt à te péter à la gueule, le "Ben-Hur" de William Wyler fait sans aucun doute parti de la catégorie des poids lourds purement hollywoodien.

Débutant carrément sur la naissance de Jésus de Nazareth (qui, vingt-six ans après, n'en branlera pas une, s'occupant des "affaires de son père"), "Ben-Hur" s'attarde sur le destin d'un autre juif, celui du prince de Judée, Juda Ben-Hur, Benny pour les intimes. Un parcours semé d'embûches et ô combien romanesque qui lui permettra de croiser le Christ à plusieurs reprises jusqu'à sa crucifixion festive et la résurrection qui en découlera, si l'on en croit sa page tweeter, mais avant tout une histoire d'amitié (d'amour ?) contrariée entre deux faux frères que seul le sang coagulé pourra régler.

Maniant l'ellipse à la perfection et utilisant judicieusement les énormes moyens à sa disposition, William Wyler signe une fresque grandiose et imposante, un classique du péplum biblique certes académique mais dans le bon sens du terme, offrant aux spectateurs un spectacle grisant bien qu'un poil long, culminant lors d'une course de chars épique et entrée au panthéon des scènes cultes du cinéma.

Bien que s'étirant inutilement dans sa dernière partie et pêchant par excès de bondieuserie, "Ben-Hur" fait toujours son petit effet, peignant des tableaux souvent grandioses (les éclairs illuminant la croix où agonise le Christ), hanté par le charisme monumental d'un Charlton Heston dans la force de l'âge et bouffant les doigts dans le nez le reste du casting, plus bandant à lui seul que tout un car de jeunes catholiques en chaleur.

PS: petit cadeau, la meilleure version des écrits de Lee Wallace à ce jour: https://www.youtube.com/watch?v=e-4mY-9ATtg
Gand-Alf
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le 4 mai 2014

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le 4 mai 2014

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Gand-Alf

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