Les premières minutes de Ben-Hur m'ont fait un peu peur. Je craignais le film trop ambitieux, avec ses 3h30 et son héros viril et vengeur croisant rien de moins que la route du Christ. Surtout lorsque ledit Christ donne à boire à Ben-Hur, lui sauvant la vie et lui permettant indirectement de poursuivre son objectif de vengeance. Je me suis dit : "Mince, ils n'ont quand même pas osé utiliser le Christ, symbole du pardon, pour légitimer son action!?" Heureusement non, ce n'est pas aussi simple.
Pour moi, Ben-Hur est une prouesse car malgré sa longueur, il ne m'a pas ennuyé une seconde. Les décors sont magnifiques et les personnages, quoique archétypaux, bien campés : on sent que tout ce beau monde s'est investi. Du coup, Ben-Hur a réussi à me faire rêver de l'Antiquité, avec sa fresque allant de la Judée à Rome, et finalement ce que je craignais le plus, à savoir les actions du Christ en parallèle ou en quelque sorte en arrière-plan du récit, est abordé avec intelligence, se bornant à montrer l'influence grandissante d'un homme mystérieux, avec des scènes de foule en mouvement pour aller l'écouter.
J'ai aussi l'avantage de ne pas trop m'extasier par avance (dans la mesure du possible) de la réputation d'un film ou d'une scène. J'avais donc, bien sûr, entendu parler de la célèbre course de chars, mais je ne m'attendais pas à une telle maîtrise. Honnêtement, l'ayant vue, je me suis dit que même avec la technologie et la technique actuelles, on ne pourrait pas l'améliorer. C'est du grand art.
Bref, Ben-Hur est certes un film ambitieux mais il a à mon avis brillamment atteint son objectif, qui paraissait pourtant bien casse-gueule. J'aurais cependant deux reproches à lui faire. D'abord, j'ai plus vu en Charlton Heston un américain qu'un prince de Judée. Ensuite, je trouve dommage d'avoir terminé le film sur un miracle du Christ. Jusque-là, Jésus participait surtout au contexte historique : il apportait du grandiose au film, mais jamais ce dernier n'a cherché à nous faire croire qu'il était plus qu'un homme, laissant le spectateur se faire un avis sur la question. Avec ce miracle final, on franchit une ligne, on nous MONTRE que Jésus Christ est fils de Dieu. C'est un peu dommage, j'aimais bien cette incertitude qu'il y avait jusque-là. Cela ne devait rien avoir d'extraordinaire à l'époque, mais aujourd'hui je peux comprendre qu'on accuse Ben-Hur d'excès de bondieuserie.