Prude pornographie

Le film réalise l'exploit d'être prude et pornographique à la fois.
La où on s'attend à un érotisme mystique, la tension érotique des scènes de rapports sexuels sont désamorcées immédiatement. On nous montre du pseudo-sexe dénaturé et que je qualifierais de pornographique, dans le sens où il n'y a aucune vérité ni intensité dans ces simulations orgasmes et ces ébats. On nous montre plus l'image d'une représentation de sexe sortie de l'esprit d'un garçon lambda nourri au porno qu'a du VRAI sexe, de la VRAIE tendresse, des VRAIES caresses, du VRAI amour plein d'intensité (surtout que l'amour dans le christianisme, c'est un sujet central...) . Partout où on aurait pu explorer le rapport entre sexualité, Amour et mysticisme la mise en scène tourne en dérision la situation, surement par peur de prendre en main ces thèmes lourds (et pourtant centraux...).

L'apogée de cette mise en scène peureuse se retrouve dans la scène du godemiché-statuette de la vierge. Ce petit objet concentre en lui-même TOUT le propos du film et illustre les rapports entre le sexe et l'amour mystique du Christ. Il aurait été important de lui donner l'importance qu'il mérite, mais non, on nous montre simplement Bartolomea qui taille à l'aide d'un couteau la statuette en forme de gode et Benedetta qui, au moment de découvrir le futur objet de son plaisir, se contente d'un regard complètement neutre et impassible puis d'une remarque sur le fait qu'il est un peu rêche par endroits. Et c'est tout. S'en suit une scène de sexe d'une trentaine de secondes et basta. Le film ne manquait pourtant pas d'opportunités érotiques, comme la présence d'innombrables drapés transparents, la scène où Benedetta est attachée a son lit par une corde pendant une crise mystique, le trou dans le mur (voir Une sale histoire de Jean Eustache...). Pour rattraper ça, on nous montre beaucoup de plans inutiles de Virginie Efira nue, comme pour dire "regardez, j'ai pas peur moi hein, je met des gonzesses à poil".