Une scène.
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Ca y est !
Je pense que l'un des buts du cinéma de Michael Haneke (en plus de faire un diagnostique de la bourgeoisie occidentale) est que le spectateur apprenne à se connaître et à connaître ses limites en terme de visionnage.
Si pour moi Funny Games avait déjà été un visionnage difficile et que le film m'a fait passé une nuit compliquée, je crois que Bunny's Video représente ma limite.
J'ai littéralement dû prendre une pause aux environs des 2/3 du film car c'était trop. Je n'avais jamais pris une pause pendant un film (excepté Antichrist que j'ai arrêté pendant quelques secondes, mais là Haneke est à un autre niveau, c'est clairement incomparable).
Rien que le fait de devoir reprendre le film me donnait la boule au ventre et la nausée, mais j'ai pu le supporter jusqu'à la fin.
Mais que raconte donc Bunny's Video ? Le film est-il réellement si horrible que ça ?
Nous suivons donc le jeune Benny, adolescent et lycéen autrichien, issu d'un milieu bourgeois, qui est littéralement accro à la vidéo, il empreinte des cassettes de films à la vidéothèque tout les trois jours...rien d'anormal vous me direz jusque là, et vous auriez raison. Là où ça commence à devenir très dérangeant c'est lorsque Benny décide de prendre son caméscope pour filmer un abattage de porc, qu'on nous montrera 4 fois dans le film, 2 fois en vitesse normale et 2 fois au ralenti.
Encore une fois, ce n'est pas le fait qu'un porc se fasse abattre qui est dérangeant, mais c'est cette obsession que Benny a pour la mort, que l'on remarque dès le début du film, et cela ira jusqu'à se filmer entrain d'abattre une fille qu'il a invité chez lui avec le même outil qui a servi à l'abatage du porc.
Ce qui est traumatisant dans Benny's Video n'est pas la violence graphique (on voit certes du sang, mais rien de comparable à un Saw ou quelque chose dans le genre...) mais plutôt le manque total de moralité de Benny et de sa famille.
Une famille que l'on sent clairement dysfonctionnelle, qui ne se parle pas, excepté pour se faire des réflexions, avec des parents absents pris par leur travail, laissant leur enfant s'enfermer dans un monde de vidéos plus que douteuses, jusqu'à l'irréparable.
Ses parents finiront par voir la vidéo, et là où l'on s'attend à une réaction viscérale (ils voient quand même leur gosse entrain de tuer quelqu'un en s'y reprenant à trois reprises) et bien non, le père élabore un plan pour se débarrasser du corps sans que personne ne les soupçonne, et la mère, bien qu'un peu plus chambouler, le suit dans son plan.
On sent alors que la sociopathie et la psychopathie de Benny ne viennent pas de nulle part, que ses parents sont quasiment aussi dérangés que lui (c'est ce qui m'a fait prendre ma pause...)
Par ce film, Haneke montre une sorte d'hérédité du mal qui se transmettrait de génération en génération, mais aussi à quel point la société des images d'aujourd'hui (infos en continue, montrant et parlant des guerres, des meurtres sans arrêt, on voit d'ailleurs beaucoup d'images de la guerre de Yougoslavie) est tout aussi malsaine que les personnages que nous suivons, et quelle a indéniablement amplifié les tendances de Benny.
Si ici la réalisation est moins millimétré que dans Funny Games, on est tout de même face à une œuvre qui chamboule le spectateur, à ne pas mettre entre toutes les mains !
Créée
le 15 juil. 2021
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