"Berceuse" contient des choses étonnantes et que l'on pourrait croire à priori antagonistes... D'abord son titre et un film où la présence de Staline en deuxième partie ne passe pas inaperçue mais Vertov est coutumier comme tout poète de ponts inattendus entre les choses. Berceuse est dans ses meilleurs moments un hommage au rapport mère/enfant et en second lieu et ses moins bons moments au rapport patrie/citoyen. C'est aussi le rêve d'un film qui ne ferait que filmer des visages de femmes tout en écrivant le poème-clé déchiffrant leur beauté.
Kolybelnaya porte aussi les stigmates terribles de son temps sous forme de plan coupé au ciseau, un âge où les ennemis du peuple n'avaient pas place dans l'histoire et pouvaient en être rayés...
La note finale discordante du son d'un enfant qui pleure sur l'image d'un enfant qui sourit serait-elle une malice de Vertov à l'image que veut donner l'Union Soviétique et au son qu'elle rend... sans doute non, mais le croire est beau.
Il n'en reste pas moins un film unique qui trouve des liens entre les images comme seuls les poètes savent en trouver.