Berlin Express par Maqroll
Un curieux film sur un sujet rarement abordé au cinéma : l’immédiat après-guerre dans l’Allemagne en ruine et la construction d’une unité utopique entre les Nations. Toute une partie du film, essentiellement le début et la fin, est traitée quasiment comme un documentaire avec des images terribles des villes allemandes en ruine et un commentaire en voix off. C’est de loin le meilleur de ce film inégal que sa partie de fiction, histoire d’espionnage pas très bien ficelée, est loin d’égaler. Dans les rôles principaux, Robert Ryan est excellent d’efficacité sobre, Merle Oberon se montre aussi charmante qu’intelligente et sensible tandis que Paul Lukas incarne parfaitement un idéaliste allemand en quête de cette impossible unité entre les peuples. La direction d’acteurs de Tourneur est comme toujours impeccable et sa mise en scène aussi brillante que dans ses meilleures œuvres. Dommage que le scénario ne soit pas à la hauteur car on n’était pas loin d’un grand film traitant d’une grande cause, Tourneur faisant preuve ici d’un humanisme particulièrement intéressant car sans aucune grandiloquence. Signalons enfin le dernier plan, en clair-obscur, clin d’œil au Lubitsch de L’Homme que j’ai tué et sorte de trait d’union entre les horreurs des deux guerres mondiales.