J'ai lancé ce film sur Netflix ne sachant comme souvent pas quoi mettre (le catalogue de cette plateforme est tellement pauvre...), et en me disant "bon, encore un film de séquestration, au pire je l'arrête au bout de 10 min pour mettre autre chose" et là... quelle surprise!
En effet, la réalisation, la photographie, les plans de caméra, les dialogues et l'interprétation m'ont paru tout de suite élégants et soignés, ce qui est inhabituel dans ce genre de films, souvent vulgaires et décérébrés.
L'écriture des personnages est également plus subtile qu'à l'accoutumée, la "captive" ne tombant pas d'emblée dans l'hystérie et le "bourreau" étant étrangement calme, pour ne pas dire presque fréquentable.
Ainsi, le sentiment d'anxiété ressenti par le spectateur ne provient pas du fait de voir l'héroïne être torturée, violentée, abusée sexuellement ou coupée en petits morceaux, mais simplement du fait qu'elle soit privée de liberté, dans un appartement situé en pleine ville mais qui semble pourtant totalement coupé du monde extérieur.
Son geôlier propriétaire des lieux, bien qu'il soit un dangereux sociopathe, n'a de cesse d'avoir des attentions pour elle: il lui ramène des cadeaux à Noël, lui prépare à diner, communique avec douceur et a bien souvent hâte de la retrouver après une journée de travail.
Cette attitude presque banale et aimante est pour le moins glaçante dans la mesure où le ravisseur pourrait faire office de gendre idéal, exerçant qui plus est un métier respectable et rendant visite régulièrement à son père pour lui tenir compagnie.
La réalisation, pour le moins subtile, nous fait comprendre par ailleurs que le personnage d'Andi (c'est son nom) a probablement manqué d'une présence féminine dans son enfance et semble avoir subi le traumatisme de la mort de sa mère, ce qui ne sera cependant jamais évoqué, laissant ainsi l'opportunité au spectateur de le suggérer.
Par ailleurs, le fait que ce soit une femme qui soit à la réalisation ne m'étonne guère, le traitement habituel de ce genre de film et des relations entre les personnages étant d'ordinaire beaucoup plus "brute de décoffrage", les captifs essayant généralement de tromper la vigilance de leurs gardiens pour pouvoir s'échapper ou se venger, leur rendant ainsi la monnaie de leur pièce...
La magnifique Teresa Palmer interprétant le personnage de "Clare" m'a ici impressionnée (une belle découverte!), l'actrice ne surjouant à aucun moment (mmmh ou presque) et parvenant à rester sobre et mesurée, la détresse et la souffrance qu'elle ressent se lisant principalement sur son visage et dans ses attitudes.
Le titre du film fait lui directement référence au célèbre "syndrome de Stockholm" et nous informe que la relation entre les deux personnages sera finalement d'ordre complexe, leurs sentiments oscillants entre attirance, haine, domination et compassion, et je dois dire que la réalisatrice s'en sort ici admirablement en évitant habilement les poncifs du genre, vus et ressassés à de maintes reprises au cinéma.
Quelques longueurs sont toutefois à déplorer, ainsi qu'un manque de folie (je sais, c'est paradoxal...) et d'évènements, les principales qualités du film étant la sobriété de son traitement évitant la surenchère et la mise en scène efficace d'une violence psychologique constante et latente exercée sur le personnage de Clare, réduite au rang "d'objet" par cet Allemand fou furieux (Achtung alarm!)
Je ne peux que féliciter la maitrise et la sensibilité de cette réalisatrice qui est ici parvenue à nous proposer autre chose dans un registre qui me semblait complètement saturé. Une bonne surprise en somme!