J'avoue ne pas compter parmi ceux qui vouent un culte à Richard Linklater, et même si son premier long métrage, "Slacker", décalé original dans sa narration révélait un beau talent, il s'inscrit comme un coup d'éclat éphémère. dans une filmographie dominée par la trilogie "Before", délicieux marivaudages, accompagnés d'une belle réflexion sur le couple, mais pourtant empreints d'une mise en scène conformiste et d'un traitement un peu paresseux.


Dès lors, le projet "Bernie" qui en 2011 s'avançait en comédie potache avec Joe Black, bon acteur au demeurant mais au bon goût parfois discutable (dans le choix de ses personnages), interrogeait et s'il ne soulevait pas des attentes démesurées, éveillait une curiosité polie.


Une singularité soulignée dès les premières minutes, alors que le métrage se dévoile en objet hybride, sorte de biopic inspiré de faits réels, d'un type (Bernie Tiede) à la personnalité ambigüe, au destin hors du commun , croque-mort parfaitement intégré dans le microcosme de la petite ville texane de Carthage, où il assure outre l'accompagnement mortuaire des familles, le "service après-vente " auprès des veuves, mais toujours dans la bienveillance.


Bernie par ailleurs exubérant sûr de lui, semble un poil trop compatissant, très à l'aise dans ses différents rôles de consolateur donc, de directeur de comédie musicale semblant s'avancer masqué en permanence jusqu' à sa rencontre avec la riche et toujours pimpante veuve Marjorie Nugent (Shirley MacLaine) envers laquelle il fait preuve d'un dévouement dans faille.

Linklater déroute, séduit également, alors que le ton avec lequel sont abordés personnages et situation semble en décalage de "genre". Tour à tour Feel Good movie, caricature probable de ce qui pourrait être un bouffon arriviste, franche comédie lorsqu'il aborde les rapports entre le thanatopracteur et la veuve tyrannique, Bernie épouse également le drame, voire quelque chose de plus profond encore que l'on ne saurait dévoiler ici (si vous n'avez pas lu le résumé de Sc qui en dit beaucoup trop abstenez-vous).


Le charme indéniable dégagé par le bousin est sans conteste imputable à ce traitement fantaisiste qui accompagnera le propos et les personnages jusque dans sa conclusion. Des personnages hauts en couleur , surtout Bernie parfois attachant parfois surfait et un brin agaçant et dont le traitement qui lui est réservé par Linklater semble hésiter toujours entre le sarcasme et une relative admiration. Pourtant en attachant sa caméra aux pas de l'homme le cinéaste créé habillement de l'empathie envers ce dernier, et nous livre un jeu de dupes tout à fait original

Yoshii
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le 31 mai 2024

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