Pas une critique, juste trois remarques: j'ai l'impression qu'il est désormais à chaque coin de rue, qu'il est sorti de l'écran, qu'il a sauté parmi nous...à la façon de 'La rose pourpre du Caire'.
Pour moi Bernie s'est reproduit avec son amoureuse à la fin du film et on a désormais des générations comme décrite dans le film 'Idiocracy' (encore plus bête que moi!).
Je revois cette madeleine en 2024 grâce au site Shadowz (le film n'étant "jamais passé en télé normale"), je ris encore mais désormais un peu jaune (...canari) car ce personnage de fiction me semble désormais être devenu réalité et endémique...je m'attendais à ce qu'il crie «Je ne contracte pas». Sa paranoïa, misère intellectuelle et surtout sociale, lui font inventer un rêve-éveillé biographique, politique et sociale, une vraie éponge humaine imbibée de ce qu'on appelle aujourd'hui des "fake news". Il se fait tout un film bidon et faux qui me rappelle ceux que se font certains trumpistes, certains Climato-sceptiques et autres "anti-vax"...
Je réalise aussi que sa première victime est une femme de ménage noire et il fusillera à bout portant un député Droit-de-l'hommiste, pour "l'ouverture des bras" aux migrants et exclus...(une scène pourtant hilarante où mon Philippe Uchan rentra dans mon top 10 des acteurs...son personnage ne comprend tellement rien aux délires conspirationnistes que Bernie vient de lui énoncer, qu'il croit s'être "trompé de prise d'otage"):
«Je ne contracte pas» crie de nos jours des membres d'une secte mal informée qui imagine que nous "sommes soumis illégalement à un ordre politique, économique mais surtout juridique"...
...«Bonjour, je m'appelle Bernie Noël et ...je suiiiis députaaaais» me fait toujours autant rire...car c'est le député tier-mondiste qui lui donne envie d'aussi faire une vidéo...il vient de voir Uchan en vidéo personnelle à la télé avec son chien...alors Bernie se filme aussi (par mimétisme?) avec son chat empaillé...presque 30 ans plus tard, Dupontel fera Second Tour sur député candidat aux présidentielles...mais à l'opposé des idées délirantes de Bernie.
- "Jean-Pierre Jeunet est un des rares à avoir repéré que je m'étais inspiré de loin du livre de Jerzy Kosinski déjà adapté par Hal Ashby dans le bon 'Bienvenue Mister Chance' " (raconte Albert Dupontel à ThinkerView...où il disait aussi que "Bernie est le seul de ses films qui n'est jamais passé à la télé")... Moi, Bernie m'avait fait penser au film Bad Boy B-ubby sur aussi un naïf longtemps enfermé à qui on a raconté des fake news/trucs bidons/billevesées!
- au début, la caméra glisse dans l'herbe comme dans le début du film de David Lynch, Blue Velvet, où on découvre une oreille coupée ^^...là, on découvre la tête de Bernie qui espionne le monde extérieur de son orphelinat par un trou dans le mur et les mauvaises herbes, ses doubles?
- l'amour plutôt que l'argent?...il y a un passage désormais très anticonformiste et pas #metoo du tout, où un SDF se révèle pas soumis à l'argent roi...c'est la scène de dispute entre les anciens jeunes amants ex-drogués...réunis enfin par Bernie qui n'avait pas compris...l'ex du SDF est devenue entre-temps bourgeoise, mariée sous une autre identité, lui avait dérivé SDF anarchiste, tabassé régulièrement par des policiers corrompus (comme le raconte l'immonde Roland Bertin, me rappelant le porc flottant dans Dune de Lynch)...ce SDF anarchiste et vengeur entend son ex lui proposait: "si tu me relâches, je te donne un million" supplie Hélène Vincent (sans sondage sur SC)...Roland Blanche, le SDF, hésite un instant: "...non, je préfère t'enculer"...
- je connaissais Roland Blanche que dans des rôles de violeurs ou tueurs en série, j'ai appris depuis qu'il était un amoureux et connaisseur de poésie...
- l'oiseau mangé cru par Bernie ("le problème, c'est leur bec") serait une citation du film "La colline a des yeux" où un des dégénérés, consanguins irradiés, dévore celui en cage des touristes...(le taré ressemble à Vincent Cassel).
- pour dire autrement une partie de mon blahblah confu ci dessus: pour moi, c'est un film visionnaire car nos médias et votants sont désormais plein de Bernie: sans parler des Bernies 'tombés' dans des courants extrêmes de certaines religions, comme le notre tombe ici dans les mensonges et un rêve éveillé qu'il se fabrique aussi...il est marrant mais très parano! il s'est fait un film sur sa vie, son passé et il croit dur comme fer à ce qu'il raconte..."les espions...ses parents chassés et poursuivis, forcés de l'abandonner"...en moins drôle, ça rappelle ceux qui pensaient récemment qu'il y avait un réseau de "pédophiles Démocrates" sous les pizzeria aux Etats-Unis ...au point de venir, non pas avec une pelle, mais avec une arme dans les restaurants "pour libérer les enfants", les Bernies...