L'apologie du mauvais goût

J'ai vu "Troll 2" il y a 9 ans je pense. Je venais d'emménager avec mon pote puisque nous allions poursuivre nos études au sein du même établissement. C'est lui qui m'a fait découvrir les joies du Z en fait ; hebdomadairement, il m'invitait dans sa chambre, située dans le toit de l'immeuble, pour regarder une de ces vieilles bobines qu'il connaissait par cœur. Je me souviens m'être bien marré avec ce "Troll 2". Ce documentaire, j'en ai entendu parler pour la première fois grâce à la web-série "Chroma", à l'époque je n'ai pu le trouver ; c'est revenu récemment dans mon fil d'actualité, j'ai donc relancé mes recherches et là je l'ai trouvé directement sur Youtube (vu la date à laquelle la vidéo a été postée, elle était déjà dispo lors de mes premières recherches). Je suis pas entièrement convaincu par ce docu un peu opportuniste.

Certes, il y a des scènes amusantes, des reconstitutions, une rencontre sur le terrain des fans, on voit la réception, on retrouve l'équipe, chacun donne son avis, y a des éléments un peu bizarres aussi... en fait, j'ai trouvé que, malgré les qualités, ça partait un peu dans tous les sens, du coup on se retrouve avec le portrait express de quelques personnages, on se retrouve aussi avec des scènes redondantes où on voit plein de gens dire tout le bien qu'ils pensent du film. Je pensais que le réalisateur ou l'acteur principal allaient être mis plus en avant, qu'on s'attaquerait presque exclusivement à l'un de ces deux points de vue, mais même pas en fait. Si l'acteur est très souvent présent, c'est le plus souvent pour faire le mariole avant de lancer quelques confessions sur un ton 'séquence-émotion'... c'est mal ficelé au fond, le propos est très pauvre et l'auteur tombe souvent dans la facilité. Mais bon, grâce à ses très bons intervenants, il obtient quelques bonnes scènes... juste dommage que ça n'aille pas plus loin.

Comme la folie mégalo du réalisateur dont on n'est pas certain qu'il ait vraiment compris pourquoi les gens aiment son film : il aurait mérité 90 minutes à lui tout seul où on aurait pu le voir au quotidien, approfondir les questions aussi. Parce que la plupart du temps, quand un intervenant s'exprime, le travail de contextualisation est très faible comme lorsque le réalisateur râle pendant que les acteurs parlent : ce passage est assez mal réalisé, ça ne paraît pas assez spontané, ça ne va pas assez loin. Pourtant vu le caractère du réalisateur, il y avait sûrement moyen d'en tirer plus que quelques plaintes.

Pareil pour l'acteur principal : son pathétique est digne d'un épisode de "Strip tease", mais ce n'est jamais vraiment bien exploité ici. Peut-être parce que le réalisateur n'a pas osé aller au bout de cette idée ? En effet, un autre reproche que l'on peut faire à ce documentaire, c'est d'être un peu trop convenu, un peu trop bien pensant. On se moque, oui, mais pas trop, parce que c'est pas bien de se moquer. D'ailleurs on termine avec des déclarations honnêtes et sincères de fan qui adorent le film, et ce sur une musique qui fait dire que c'est du sérieux, qu'on n'est pas censé se moquer de ces gens aux goûts douteux. C'est ptet ça le problème au fond : le documentariste a fini par prendre son sujet (et lui-même par la même occasion) au sérieux.

La mise en scène est correcte : le réalisateur met très peu d'archives, peu d'extraits aussi. IL filme beaucoup l'équipe, ce qu'elle est devenue, mais aussi les différents festivals où le film est projeté. Cela fait de la matière. On peut déplorer une certaine répétition, mais j'impute ça plus à un problème de narration que de mise en scène. Les intervenants sont visiblement heureux d'être là, ce qui est bien, ça les rend loquaces, même si l'auteur peine parfois à leur faire dire des choses intéressantes. Et puis l'enthousiasme de l'acteur principal est communicatif, on peut presque dire qu'il porte le film sur ses épaules et que sans lui, le film paraîtrait encore plus mauvais.

Bref, ce docu est intéressant pour mieux comprendre ce qu'a généré "Troll 2" mais au final ça reste tout de même assez pauvre et décousu. Dommage.