Je ne sais pas trop comment me positionner face à Better Man.
D'un côté, il y a moi et mes propres traumas qui, bien sûr, on apprécié le film pour ce qu'il tente de raconter. Clairement, si j'avais les larmes aux yeux à la fin du générique, c'est parce qu'il y a des blessures que je ne refermerais jamais et qui ont trouvé un écho ou un miroir dans le film.
De l'autre, il y a toutes ces petites choses qui m'ont fait dire "c'est dommage, ça aurait pu être tellement mieux".
Il y a d'abord ce choix discutable de personnifier Robbie Williams sous les traits d'un singe.
Soit.
Pourquoi pas ?
Sauf que ça m'a trop souvent sorti du film, en créant une distance entre ce que représente le personnage, et la prouesse technique totalement inutile du long métrage.
Difficile pour moi de totalement me laisser porter par les numéros musicaux quand chaque image me rappelle que ce que je vois est faux, numérique.
D'ailleurs, en parlant d'abus de numérique, il y a aussi beaucoup trop de scènes pour lesquelles je me suis dit qu'un peu plus de réel n'aurait pas fait de mal.
Les décors sont malheureusement souvent trop froids, impersonnels, mal pensés.
Le malaise d'être constamment entre le trop faux et le vrai aurait pu être volontaire, en phase avec l'histoire qu'on nous raconte, mais non... C'était juste plus pratique de créer les choses en studio et en post-prod, que de s'embeter avec des vrais décors.
Enfin, parlons de l'éléphant au milieu de la pièce : Que raconte Better Man que Rocketman (biopic sur la vie d'Elton John) n'a pas déjà raconté ?
Celles et ceux qui me connaissent savent à quel point j'estime que Rocketman réussi tout ce que rate Bohemian Rhapsody, et qu'il me semble encore et toujours incompréhensible que Rami Malek ait pu avoir un Oscar juste en lipsyncant avec le minimum syndical sur un film qui a juste eu la chance d'avoir la bande originale idéale.
Better Man se situe bien évidement plus du coté de mon film chouchou, en n'édulcorant rien de la vie de Robbie Williams, mais je le redis : qu'est-ce que ce film avait de plus à raconter que celui d'une autre star de la pop anglaise ?
Surtout que Rocketman, lui, prends sont temps pour structurer son histoire. On a une vague impression du temps qui passe, de la carrière qui se construit, de la descruction intime d'Elton John qui se fait étape par étape.
Dans Better Man, tout va trop vite.
Et si on a une fois ou deux une date à se mettre sous la dent, on n'arrive pas vraiment à savoir si tout s'est fait en 4 ou 20 ans de carrière. Ce qui ne raconterait pas vraiment la même chose.
La faute aussi à des chansons mises un peu dans le désordre, plutôt placés pour appuyer un propos que pour aider à comprendre la technologie. Entendre "Rock DJ" pour introduire le début du raz de marée "Take That" alors qu'elle est issue du troisième album solo de l'artiste, ça n'aide vraiment pas.
Mais honnêtement, si je dresse un portrait peu flatteur de ce film, c'est avant tout pour pinailler. Et parce que je sais qu'au fond de moi, je l'ai profondément aimé.
J'aurais voulu qu'il soit bien plus extraordinaire, plus fou, mieux construit.