Nous avons là un film d'un nouveau genre : le Blockbuster Pop Music ! Où des tubes que tu n'aimais pas forcément – on va pas se mentir, Robbie Williams a toujours été un compositeur très moyen et « Better Man » ne cherche pas à dire le contraire – des tubes moyens donc, réorchestrés sur lesquels sont mis une débauche d'effets spéciaux pour te les rendre cools... Sauf qu' à la réécoutes des originaux, tu n'aimes toujours pas ; tu ne les apprécies que dans le cadre « magique » du film. Ce qui est déjà pas mal, prenez « Wicked » que je me suis tapé la semaine dernière ; jamais une fois les effets spéciaux - finis à la pisse de l'étalonneur – n'aident à comprendre comment un public a pu apprécier des chansons aussi génériques. Le grand mystère des américains et leurs comédies musicales...
Et bien sûr que ça le fait ici ! Les instants clippés sont impressionnants, voire réussis malgré cette débauche d'SFX et de singes. J'ai même éprouvé un soupçon d'émotion sur le passage de « Feel », certes, en début de film, je m'étais d'ailleurs dit à ce moment que ça allait pas être si mal mais voilà... toute cette débauche, le fait qu'ils y aillent constamment à fond, ça devient vite fatiguant. Au bout d'une heure, le film n'en finit plus de raconter la même descente aux enfers, la même que celle d'un Elton John de Rocketman dont le film se rapproche thématiquement, la même avec toujours plus de surenchères, le summum étant atteint avec la bataille de singes dans la fosse du festival de Knebworth.
Voilà pour la forme. Pour le fond, la fin du film nous laisse croire que Robbie a réussi à vaincre son égo, à faire la paix avec les autres et avec soi-même, devenir un « Better Man »... ce qui rentre en contradiction même avec le fait de faire un film à 115 millions sur toi... et rien d'autre que toi, car les autres personnages du film, finalement, ont très peu de scènes mémorables. Je n'ai pas été touché par la mort de la grand-mère car elle n'a pas de grande scène. Je ne sais même pas qui est ce « pote » à qui il s'excuse à la fin. Son père a éventuellement quelques scènes, et encore... il est décrit comme un con absent pendant toute son enfance, présent à nouveau seulement avec le retour du succès... difficile donc d'être ému par la scène finale.
Nous avons également un être qui a pour principal but d'être célèbre et en tant que spectateurs au courant de la chose Pop, même sans connaître la carrière du chanteur, on sait très bien comment ça va finir, encore plus quand on commence dans un boys-band, était-ce vraiment la peine de nous retracer tout ce parcours classique... Et bien peut-être, au moins pour ces quelques images aussi impressionnantes que tape-à-l’œils, ces quelques surprises, le tour des clubs gays de Manchester, le plaisir de croiser des têtes comme les Gallagher et la partie avec Nicole des All Saints ; faits d'autant plus plaisants qu'ils m'étaient méconnus.
Pour résumer, "oui j'ai eu du succès, oui j'ai assez d'argent pour faire un film qui met en avant ce succès et oui, je t'emmerde". Un peu de punk dans la Pop, ou de Pop dans le punk, car c'est au final un produit Pop que nous vend encore une fois Robbie, aussi punk voudrait-il qu'il soit. Jusqu'au bout dans cette contradiction.