Si Re-Animator avait suscité un vaste engouement à l’époque à sa sortie, il n’en aura pas été autant de sa suite réalisé cinq ans plus tard par Brian Yuzna. Pourtant, ce dernier en avait parfaitement saisi l’essence en livrant une nouvelle itération délirante. L’idée d’une suite tenait donc de l’arlésienne d’autant qu’elle fut enterrée pendant un bon moment avec le décès de David Gale (l’interprète du docteur Hill devenu une chauve-souris ailée). Après avoir connu un âge d’or dans les années 80, l’horreur était alors en pleine mutation. Les adaptations lovecraftiennes et films de zombies ont considérablement souffert d’une perte d’intérêt de la part du grand public malgré les différentes tentatives infructueuses de la Full Moon Features de reproduire le même succès d’antan grâce au talent de son meilleur artisan : le regretté Stuart Gordon. Brian Yuzna de son côté s’était laissé divaguer à d’autres projets un peu moins clinquant (Faust, Progeny, Le Dentiste 1 et 2) après un début de carrière assez prometteur en tant que réalisateur (Society, Le Retour des Morts-Vivants 3, Necronomicon). Finalement la renaissance viendra d’Espagne grâce à la Fantastic Factory un label de films d’horreur qu’il dirigera au côté de Julio Fernandez qui recherchait des titres accrocheurs pour leur catalogue de distribution. C’est ainsi que Stuart Gordon livrera une adaptation de la nouvelle Le Cauchemar d’Innsmouth intitulé Dagon. Dans le même temps, Yuzna en profitera pour ressusciter Herbet West d’entre les morts, pour le plus grand bonheur des accrocs au sérum vert Fluo.
Herbert West savait peut-être comment braver la mort, mais il en était réduit à une existence futile derrière les barreaux de la prison d’Arkham suite à ses tragiques expériences qui avaient semé le chaos. Pour autant, ce dernier ne s’est pas laissé abattre malgré le poids des années. Il est même parvenu à trouver l’ingrédient manquant pour éviter que ses sujets ne se transforment en zombie féroces. Grâce à des essais menés sur des rats, le voilà désormais capable de transférer le nanoplasma des personnes décédés pour le transférer sur d’autres sujets et ainsi réguler les comportements violents. Ne manque plus que son fameux sérum pour pouvoir enfin prouver sa théorie. Cela tombe bien, puisque le nouveau médecin de l’établissement, un certain Howard Phillips ; en référence à Lovecraft ; vient d’être embauché et souhaite prendre l’ancien savant fou comme assistant pour pallier au manque d’infirmières. Mais cette association de fortune n’a en réalité rien de spontanée. Le jeune médecin souhaite en effet reprendre les travaux de West depuis qu’il a assisté adolescent au meurtre de sa sœur par un cadavre ambulant et récupérer la dernière seringue du produit fluorescent capable de ramener les corps à la vie. Inutile de dire que les choses vont encore très mal tourner pour aboutir à un carnage incontrôlé dans les murs du pénitencier.
On prend plus ou moins les mêmes et on recommence. Meg et Dan Cain ont beau nous avoir quittés à l’issue du second volet, on retrouve ici leurs équivalents. Howard Phillips dans le rôle de l’amoureux transit et garde-fou incapable de s’opposer à la détermination d’Herbert West un peu plus sage et réfléchit que par le passé mais pas pour autant repentit de ses crimes. Elsa Pataky hérite du rôle de la scream-queen laissé vacant par Barbara Crampton afin de payer de son corps et de sa personne après avoir fouiné là où il ne fallait pas. Enfin, le directeur de prison récupère le caractère despotique et déviant du Docteur Hill, en chiant allègrement sur le personnel et les prisonniers qu’il éduque à grand coup de canne. Brian Yuzna qui souhaitait vraisemblablement conserver l’esprit de la saga, s’est donc borné à reproduire l’intrigue de Re-Animator : des expérimentations dans le labo aux heurts d’une hiérarchie envahissante, une séquence de viol dans les geôles ainsi que le patient 0 qui va semer l’insurrection dans la prison. Seul l’environnement diffère finalement, dans les limites de son cadre en huit-clos. Cet état de confinement ne va faire qu’accentuer la tension et donc aboutir à un final sans ménagement où les prisonniers vont se mettre à s’entre-tuer dans la douleur et l’hystérie collective. Même les rats s’y mettront face à des parties intimes réanimées. Nous serions mal avisé de reprocher au film sa générosité. Mais à trop vouloir multiplier les situations, le réalisateur finira par s’éparpiller, si bien que le climax finira aussi mutilé que son drogué explosant en 1000 morceaux après s’être inoculé une seringue de poison. Fatalement, on en ressort quelque peu nauséeux avec un arrière-goût d’inachevé, partagé entre une mise en scène manquant manifestement de folie ; probablement imputable à son manque de budget ; et une répétition de running gags gore et outrancier qui tiennent autant de l’hommage appuyé, que du cache-misère comme un maquillage mortuaire grossier.
Si tu es un zombie abruti par le consumérisme ou bien un crétin congénital obsédé par les réseaux sociaux… Il n’est pas trop tard pour te ramener à la vie. Rends-toi sur L’Écran Barge pour une dégustation gratuite de tripailles et de jambonneaux, du moins si tu es un cinéphile doté de bon goût et surtout d'un cerveau.