Avant tout une œuvre agréablement poétique, singulière comme a pu l'être à sa façon Tsai Ming Liang à ses débuts, joliment métaphorique par moment mais trop chaotique pour se condenser ailleurs qu'en surface. Focales multiples: un grand-père malade, tout juste rapatrié pour cause de maladie grave; son petit fils qui découvre le monde des adultes lors d'excursions solitaires; un père fuyant ses responsabilités, se détournant de sa femme - comme de son père mourrant - en trouvant le réconfort dans sexe tarifé et l'alcool; la mère de l'enfant peinant à trouver l'âme sœur, acceptant un mariage arrangé peu avenant consécutif à une longue errance sexuelle.
Beaucoup aimé cette piste narrative entre le grand-père et son petit fils autour des feuilles d'érables. Ces feuilles semblent provenir d'un album de souvenirs de l'ainé, d'une Amérique où celui-ci s'est exilé longtemps. En étant troquées ludiquement contre des feuilles ramassées sur les rivages herbeux de la rivière locale, l'enfant en prend possession. Il y a hypothétiquement dans cette scène comme l'idée symbolique d'une réconciliation entre le passé et l'avenir, d'une transmission intergénérationnelle, dans un contexte affectif familial déliquescent. Par la suite ces feuilles seront congelées par l'enfant dans un gros bac à glace, lequel sera brisé alternativement par les autres membres de la famille, dont la mère qui en fera un usage érotique. Mais tout le film n'a pas ce degré d'inspiration, c'est bien dommage. Très prometteur.
NB: Vu dans la foulée son court "When I am 20" datant de 2008, dépeignant également une sexualité peu satisfaisante. Pas très réussi.
5,5/10