En chantre de la nature, un musicien itinérant et mystique, magicien à ses heures, semble inculquer aux enfants d'un village des valeurs émancipatrices plus fondamentales encore que celles dispensées à l'école: démystification/affranchissement à l'égard des superstitions, humanisation de la figure de l'étranger, du marginal, célébration de la libre pensée à l'image des nuées d'oiseaux finales (système des castes ?), et plus largement de la liberté d'être au monde. Le film est narré selon un découpage pas nécessairement conventionnel et parfois brutalement elliptique (scène nocturne aux flambeaux), ménageant des inserts purement poétiques (très beau !), délaissant les dialogues, esthétiquement superbe (éclairage, cadrages), cadrant l'action avec distanciation, en particulier au début (entre autre ce plan dans la cour d'école, d'une durée contemplative qui m'évoquais l'esprit d'Hou Hsiao-hsien, les enfants s'activant bien au second plan, masqué par le ramage d'un arbre), conjuguant avec candeur plusieurs registres (documentaire, poétique, réalisme magique). 6,5/10