Décidément, je n'arrive pas à cerner le cinéma des frères Cohen. Et si vous me dites : "Euh Cosmic, c'est un film de Georges Clooney !". Ok, c'est un film de Georges Clooney et je ne trouve pas qu'il est un mauvais réalisateur (je n'ai certes pas vu Monument Men, mais les Marches du Pouvoir était un film politique honnête). En effet, je me demande ce que cela donnerais avec les Cohen à la réalisation mais bon, cela aurait pu donner un film intéressant (mais bon leurs dernières productions où ils n'étaient que scénaristes étaient le très bon Pont des Espions, mais qui se révèle être plus un film de Spielberg qu'un film scénarisé par les Cohen). Là on a un film plutôt sympa mais vraiment oubliable.
Georges Clooney en Cohen mineur
Si le scénario ne va pas plus loin (on y reviendra), la réalisation reste de bonne facture. Il rend bien l'aspect paradis un peu trop factice et qui n'est représenté que par les apparences. Au fur et à mesure, on est témoin de l'aspect moins lisse et moins propre d'une ville purement raciste qui laisse place à sa part obscure. La réalisation est au millimètre et il y a pas mal de plans qui permet de souligner l'aspect faussement ordonné de l'ensemble. Le film donne aussi un aspect d'anti-conte comme savent le faire les Cohen. Du coup pas de problèmes de ce coté là. Pour les personnages, c'est un peu particulier.
Meurtre à l'assurance...pour une copie !
Gardner Lodge (Matt Damon) est un employé dont on soupçonne bien trop tôt ses véritables intentions. Matt Damon interprète bien le personnage de père rassurant qui aime son fils mais qui a conçu un plan d'arnaque afin de subvenir à ses besoins, à l'insu de tous.
Rose et Magareh Lodge (Julianne Moore) sont toutes les 2 de bons personnages. Malgré le peu d'exploitation qu'on a de Rose, on arrive à s'attacher à cette mère de famille bien plus progressiste et sincère que sa sœur jumelle qui veut la remplacer (littéralement). Julianne Moore interprète bien la mère handicapée et la tante machiavélique (du style de son personnage dans Kingsman 2). Cela dit il lui arrive de montrer de la compassion mais globalement on sent bien plus la jumelle maléfique.
Autre personnage bien cool, Oscar Isaak en Bud Cooper. Il s'agit d'un inspecteur des assurances qui arrivent à comprendre très rapidement les intentions du couple. Il est encore plus direct que Colombo c'es génial ! Et évidemment, il sera une grosse épine pour Gardner
Oncle Mitch (Gary Basaraba) est l'oncle sympathique qui demande toujours à Nicky de l'appeler s'il y a un souci (et il y a un souci). C'est l'oncle sympathique et débonnaire qui sera d'une grande aide pour Nicky.
Tiens en parlant de Nicky (Noah Jupe), c'est lui le personnage central. Il est un petit peu comme Stan de Southpark. Un garçon qui n'a rien demandé et qui est au centre du chaos que devient sa vie (entre le faite qu'il finit par comprendre pourquoi son père et sa tante ne voulaient pas qu'ils reconnaissent les tueurs, la vraie nature de leurs relations et que sa tante finit par vouloir le tuer). Son seul ami est Andy (Tony Espinosa) un jeune afro-américain qui a l'inverse possède une famille unie mais rejeté par la population. Du coup on a un enfant témoin de la folie des habitants et un autre témoin de la folie de sa famille.
Les autres personnages sont secondaires entre les cambrioleurs qui ne veulent pas que Gardner les double et le malmène, la famille d'Andy présente mais subissant le rejet de Suburbicon, et le policier joué par le second rôle Jack Conley qui est sympa en figure d'autorité.
Quand le paradis devient un enfer
Le film est plus un film qui questionne qu'un film qui passionne. Contrairement aux bandes annonces qui vendaient un film très second degré, on a un film qui reste une satire de l'Amérique assez obvius et qui ne dépasse pas le cadre de la simple satire. Les 2 aspects vendus par le film sont équilibrés mais on reste sur notre fin dans les 2 cas. Le film ne dépasse pas le simple fait de nous montrer la vie à Suburbicon et la descente aux enfers des méchants que d'aller à fond dans son propos.
Par exemple : quand les familles disent que rien ne se serait arrivé si les Mayers n'avaient pas emménager, oui on voit que c'est ridicule mais à aucun moment ce propos est condamné ou vraiment approuvé par les protagonistes
Bref, le film perd de sa force en essayant de nous dresser qu'un portrait plutôt que d'aller plus loin. Du coup, l'aspect satirique perd de sa force. De plus l'histoire en elle même n'est pas extraordinaire. Malgré l'aspect descente aux enfers, il s'agit d'une histoire qu'on a déjà vu 10 000 fois. Cela se voit que c'était un vieux projet des Cohen tant le film qui possède beaucoup de matières pour un vrai délire est bien trop premier degré, bien trop évident et prévisible (même la fin, devient frustrante tant elle s'éternise). Bref, l'histoire n'est pas mal racontée mais reste décevante au regard de ce qu'elle aurait pu être.
Un film qui manque d'ambitions
Ce film qui possède un peu du délire des Cohen est au final plutôt sympathique mais vraiment faible tant il avait du potentiel. Montrer la discrimination sans avoir une direction ou montrer une famille qui se détruit simplement n'était au final pas suffisant. Reste les acteurs toujours aussi bon, par contre maintenant j'ai peur de Julianne Moore et de ses rôles de mères diaboliques. Elle ferait une superbe sorcière pour une version d'Hansel et Gretel (ne le dites pas à Disney svp)