Suburbicon, petite ville des USA des années 50 proprette et sans histoire, avec ses petits pavillons, ses jardins bien entretenus, son église et sa chorale, sa population - blanche bien sûre - ségrégation raciale oblige ! Une banlieue représentative du rêve américain, partie d'une poignée de colons, elle s'est développée et offre un cadre de vie idyllique à ses habitants. Mais voilà qu'un beau jour, une famille de « nègres » débarque. C'est la panique généralisée ! Les gens se liguent pour les faire partir en les harcelant. Cet élément du scénario se base sur l'histoire vraie de l'arrivée de William et Daisy Meyers, première famille afro-américaine qui a emménagé à Levittown. Le soir même de leur arrivée, 500 personnes se sont rassemblées devant chez eux en hurlant des propos racistes. Le mouvement s'est amplifié et a duré des jours : croix brûlées, palissade construite pour isoler la maison, pétition demandant l'expulsion de la famille.
Tandis que cette bataille a lieu contre ceux qui viennent déranger ces paisibles habitants si bien entre eux, une autre bataille se déroule dans un pavillon voisin, à l'intérieur d'une famille qui coche les bonne cases. Une histoire sordide dont personne n'a conscience et qui n'intéresse personne, parce que le mal on est trop occupé à le rejeter là où il réside : dans cette famille de nègres. Depuis qu'elle est là, tout va mal ! Réaction typique et archaïque du besoin de bouc émissaire. Ces deux intrigues se déroulent en même temps et on assiste à une escalade de violence des deux côtés dans un crescendo vertigineux.
De chaque côté de ces deux familles, deux petits garçons qui nouent une amitié simple au grand scandale du voisinage : un blanc et un nègre qui jouent ensemble c'est inadmissible. Le petit Nicky (excellent Noah Jupe qui tient là son premier rôle) est le témoin impuissant et effrayé du drame qui se joue dans sa famille. Et c'est le plus souvent à travers ses yeux que l'on voit se dérouler la succession d'événements qui s'emballent.
Suburbicon est moyennement reçu, je ne le recommande donc pas spécialement. Pour ma part, j'ai passé un bon moment avec ce thriller qui outre son intrigue, possède un bon casting :
- Matt Damon, glaçant ;
- Julianne Moore qui offre une double prestation ;
- Oscar Isaac qui crève l'écran dans un rôle secondaire.
Aux commandes on trouve George Clooney dont c'est le premier film réalisé sans qu'il passe devant la caméra, et comme coscénaristes: les frères Coen dont la présence est perceptible quand on est familier de l'univers des deux frangins.