"Issei" : émigré né au pays du Soleil levant. "Nisei" : enfant d'issei, né aux USA, Américain de la 2e génération. "Sansei" : enfant de nisei et Américain de la 3e génération.
Du Chinois ? Non, le lexique abrégé de l'émigration japonaise aux Etats-Unis qui aide à bien s'imprégner de ce film d'Alan Parker. Déjà célèbre pour ses oeuvres choc ("Midnight express", "Birdy", "Angel heart"), il disait alors revendiquer pour la 1re fois "une histoire d'amour, tout simplement".
Mouais... Le coup de foudre entre Jack et Lily est tout simple. Mais pas le reste, qui se complique vite puis devient carrément traumatisant. Lui est d'origine irlandaise et pétri de syndicalisme. Elle est, par contre, une nisei. Leur mariage mixte la fait se fâcher avec les siens et son interdiction à Los Angeles les fait partir à Seattle. Leur fille a 5 ans en 1941, année de Pearl Harbour ! Et en février 1942, l'arrêté présidentiel 9.066 frappe les Americano-Japonais, perçus comme ennemis potentiels. Des dizaines de milliers sont spoliés, internés en camps en plein désert californien. Dont la famille de Lily. Durant quatre ans, la "Jaune" et le Yankee bon teint - soldat par force - se retrouvent dans "Le cercle rouge" de la guerre et de la xénophobie mêlées.
Un enfer de vie occulté, mais qui a souillé la formule américaine "Bienvenue au Paradis" ayant guidé les émigrants. Parker en fait ironiquement le titre de son film.
Splendide reconstitution de "Little Tokyo", le quartier japonais de L.A., entre décors, costumes, bande son. Les images sont belles et l'émotion très choletienne (les mouchoirs !). Surtout quand la caméra caresse les visages typés où se révèle la blessure intérieure ou la révolte éruptive. Beaux seconds rôles.
Dennis Quaid et Tamlyn Tomita jouent avec justesse, sans "mélodramatiser".
Par moment, un peu d'essouflement montre que Parker n'a pas le par coeur sentimental.
Et c'est un atout de plus pour "Bienvenue au Paradis" de ne pas être juste un film angélique !