Que reste-t-il d’un film phénomène une dizaine d’années après sa sortie ? A regarder sa note générale, semble-t-il pas grand chose mais je trouve le public bien sévère. Car, extrait de son contexte qui rendait forcément sa perception faussée, Bienvenue chez les Ch’tis reste, à mes yeux, une bonne comédie. Si l’opposition des territoires et la surenchère des clichés pour les représenter n’est pas forcément nouvelle (on se souvient, bien entendu, des comédies marseillaises où les voix chantantes d’acteurs réputés (Fernandel en tête) se faisaient d’entendre en opposition à celle des Titis ou à d’autres Normands célèbres), force est de reconnaître que le scénario est ici plutôt bien troussé. C’est globalement très fluide et équilibré. Les gags s’enchaînent avec pertinence pendant que le scénario développe ses traditionnelles romances sans trop encombrer l’ensemble.
Si de nombreuses répliques, qui ne sont pas les meilleures du film, sont usées jusqu'à la corde à force d’avoir été entendues (et ce n’est pas de leur faute), certaines situations demeurent hilarantes. Certes, tout ceci est très caricatural (mais c’est aussi le cas de très nombreuses comédies, depuis des siècles, de faire dans la grande caricature) mais le trait est souvent juste, forcément affectueux et le résultat se veut un joyeux moment débordant de bons sentiments.
Divertissante, drôle, plutôt bien jouée dans l’ensemble, rythmée mais pas trop trépidante, voilà une comédie sans prétention (faut-il le rappeler après son raz-de-marée) qui, si elle ne vaut pas les meilleures des meilleures, reste une valeur assez sûre. La preuve, elle vieillit plutôt bien et elle se dévoile avec pertinence, désormais délestée du côté bête de foire qu’elle baladait en 2008. Si, cependant, on préfère mettre en perspective ses qualités avec son nombre d’entrées pour l’évaluer, il est certain qu’on risque de manquer de clairvoyance en la jugeant. Car il faut quand même admettre que c'est, et de loin, la meilleure comédie de Dany Boon et qu'on peut s'étonner de ne pas voir sa note moyenne surclasser celle des autres, même et surtout les plus mauvaises.