Primus est propriétaire d’un hôtel en faillite dans les montagnes norvégiennes. Pas franchement un hôtel de charme avec salon cosy et coin du feu chaleureux, plutôt un groupe de bâtiments fonctionnels et décrépis des années 70’, posés au milieu de rien. Son idée pour relancer son affaire ? Profiter de la crise migratoire venue d’Afrique et des subventions offertes par l’administration locale, en transformant son hôtel en centre d’accueil pour réfugiés. Mais s’improviser gérant de cette sorte de tour de Babel de 50 personnes d’horizons divers et de personnalités atypiques n’est pas évident pour qui est plus opportuniste qu’humaniste et n’est pas vraiment ouvert aux autres cultures. Quand en plus il faut compter avec une femme dépressive, une ado rebelle, une certification de conformité et des subventions qui n’arrivent pas aussi vite qu’espérées, Primus est bien vite débordé par la situation.


Mais c’est paradoxalement de cette situation déliquescente que viendra son ouverture à plus d’humanité. Primus va oublier ses préjugés. Incapable seul de faire face aux travaux matériels indispensables à la mise aux normes de son hôtel, il va découvrir le savoir-faire de réfugiés. Il va se lier avec Zoran, électricien débrouillard (interprété par le français Slimane Dazi vu dans Un Prophète de Jacques Audiard), et surtout avec Abadi, un réfugié congolais qui va lui servir d’interprète et de lien. Au-delà des préjugés et des intérêts de chacun, la réalisation d’un projet commun où tout le monde trouve son compte va permettre aux protagonistes de tisser des liens qui les amèneront à dépasser leurs différences.
Au cinéma, le mélange et l’opposition de cultures est souvent un ingrédient prisé des comédies. La différence qui initialement fait peur, finit par devenir une richesse supplémentaire. A travers un scénario simple et efficace, Bienvenus ! est une belle fable humaine, sans jamais être une leçon de morale. Un humble message d’humanité, frais et drôle, tendre et émouvant.


Cette fable s’appuie sur une réalité. Selon un article paru dans Les Echos en septembre 2016, l’accueil des réfugiés est dans les pays scandinaves un business très rentable confié au privé. Le leader du marché suédois de l’hébergement des demandeurs d’asile -ex fondateur d’un parti anti immigration !- revendique un chiffre d’affaires d’environ 100 millions d’euros et un bénéfice approchant les 10 millions en hébergeant 9.000 demandeurs d’asile. (source : livret accompagnant le DVD)

kinophil
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le 20 janv. 2021

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