Ponctuant un début de carrière pour le moins chaotique en tant que réalisateur (entre deux remontages de films étrangers, une comédie pseudo-érotique et un film d’horreur fauché mais pas dénué d’intérêt), You’re a Big Boy Now signe la première oeuvre personnelle (et un premier succès public) pour Francis Ford Coppola.
Si le film n’a pas spécialement bien vieilli (il est un peu difficile de rester enthousiaste face à une b.o. trop de son temps, des gags vaudevillesques et des tics de mise en scène copiée/collée de la Nouvelle Vague française), force m’est d’admettre que le film de Coppola possède son petit charme. Est-ce lié à ces premières explorations des grands thèmes du cinéaste que sont l’émancipation et la famille problématique ? Le côté désuet de la découverte sexuelle de ce héros un peu trop à côté de la plaque ? Un cynisme à peine voilé envers le milieu artistique (l’absurdité de la pièce de théâtre que le héros va voir avec ses parents) ?
Si on est un minimum honnête, je ne suis pas sûr que ce film aurait traversé les âges cinéphiliques sans la suite de carrière que l’on connaît au monstre sacré Francis F. Je ne suis d’ailleurs même pas sûr qu’en dehors des fans hardcore du cinéaste et quelques dérangés de la rétine prêts à voir tout et n’importe quoi (moi), beaucoup de monde fera l’effort de chercher, trouver et regarder sans interruption ce drôle d’objet, où un certain classicisme occasionnel ne peut empêcher une véritable énergie créatrice naissante (les plans, clairement en caméra cachée, de déambulation dans New York). 1966 sera par ailleurs une bonne année pour Coppola qui signera le scénario de Propriété interdite de Sydney Pollack à la même période.
Passable et un peu dépassé, objet de curiosité néanmoins, le film se laisse voir sans trop de mal si tant est que l’on fait preuve de souplesse intellectuelle et reste, au final, la première brique concrète fragile mais essentielle d’une filmographie monumentale.