Le réalisateur Tim Burton parvient encore à surprendre son public à travers Big Eyes, un biopic candide, pétillant, léger, étonnant, dévoilant l’une des plus grandes impostures de l’Histoire de l’art.
Axé sur une histoire vraie, le scénario ne présente rien d’extraordinaire et pourtant son fil conducteur accroche, transcendé par le travail réalisé autour de l’évolution des personnages, de leurs ressentis, désirs respectifs, visions artistiques.
Colorée, soignée, agréable, saupoudrée par une touche graphique intéressante, l’esthétique offre une légèreté appréciable dans le cadre d’un sujet des plus sérieux, qui a le mérite de faire découvrir le travail original et délicat d’une artiste peintre américaine.
Entre scènes humoristiques − aux répliques percutantes et à la mise en scène succulente − et passages dramatiques, l’atmosphère générale, finement tissée, expose des armes de séduction redoutablement efficaces.
Ces qualités seraient néanmoins sensiblement amoindries sans le talent du charismatique Christoph Waltz, que des rôles subtils, à double facette, lui permettent d’exprimer à des degrés délicieusement variables. A titre d’exemple, Inglourious Basterds (2009), De l’eau pour les éléphants (2011), ou Django unchained (2012) illustrent la capacité de l’acteur à se mouvoir dans la peau d’hommes à tendance, plus ou moins, schizophrène. Un vrai régal.
En ce qui concerne les doutes préalables au sujet du jeu de sa coéquipière, Amy Adams – dont seule sa prestation dans Il était une fois (2007) semble réellement marquer les esprits – ils se retrouvent dissipés par son aptitude à endosser, avec justesse, le poids du secret enduré par Margaret Keane.
La compassion, l’émotion, l’attachement n’enfoncent cependant pas aisément les portes de la maison des sentiments à son égard.
En outre, la chute de l’aventure méritait d’être prolongée, dans le dessein d’offrir au spectateur une vision jubilatoire de la remise en ordre de la situation.
Quoi qu’il en soit, Big Eyes charme du premier coup d’œil.