Cela faisait un moment qu’il me faisait les gros yeux, depuis l’annonce de sa sortie. J’ai donc eu envie d’y jeter un coup d’œil, peut être à cause du dernier Tim Burton que j’avais visionné, Dark Shadow… La quasi absence du génie burtonien m’en avait presque donné les larmes aux yeux. Le succès lui ayant donné les yeux plus gros que le ventre, me suis je dit, j’avais espoir de retrouver une étincelle dans ses prochaines créations. Et heureusement (sinon je me serais fourré le doigt dans l’oeil, ce qui n’est pas franchement agréable), j’ai retrouvé la patte de ce merveilleux scénariste-réalisateur dans son dernier film.
Oeillez, oeillez, gentes messieurs, gentes dames, à l’intérieur vous trouverez ce qui fait le succès de Tim Burton.
L’histoire se passe dans les années 50. On retrouve donc des décors semblables à ceux d’Edward aux mains d’argent : des lotissements américains géométriques aux couleurs pastels. Puis, au fur et à mesure de l’avancement du film, les couleurs se font plus présentes et saturées : Esprit de Big Fish, te voilà (Big fish, Big eyes… même dans le titre, on trouve une similitude) ! Les personnages évoluent comme dans une peinture, ce qui est approprié, puisque l’histoire développée ici en parle ! Fichtre, quelle coïncidence, Damned.
Voilà pour le décor.
Zieutons maintenant les protagonistes : Amy Adams joue Margaret Keane, peintre précurseur d’une nouvelle forme d’art qui fera beaucoup d’émules. Elle quitte avec sa fille son époux envahissant, pour gagner San Francisco et rencontre Walter Keane (Christopher Waltz), futur mari et artiste enjôleur, en voleur bien plus tard… Car en effet, face au succès des peintures de sa femme, celui-ci tente de s’approprier son art de la pire des manières. Malgré tout, Margaret semble en faire son d’œil, et se met des œillères sans vraiment s’en rendre compte…
Et c’est là que Big eyes prend tout son sens : le petit jeu de Keane se fait sous le nez de l’artiste qui ne le voit pas, ou ne veut pas le voir, tant celui-ci est opticien, heu, aux p’tits soins, et fourbe. Il transforme la réalité, brouillant les pistes sur la véritable identité de l’artiste.
Ce scénario est si fluide que nous même spectateur nous faisons duper, de manière simple et sans fioritures, ce qui est assez rare chez Tim burton, et qui en surprendra surement plus d’un. Vous êtes prévenus, pas la peine de faire les gros yeux.
Foncez donc les yeux fermés dans les salles obscures voir cette belle réalisation, et ouvrez les en grand pour apprécier l’histoire incroyable de cette femme artiste.
Tim Burton n’est pas prêt de faire tomber son Atoll, les opticiens (j’étais obligée), et c’est tant mieux.